Index du forum Les rubriques Bourgogne

Petite Histoire du Millésime 2020

Messagepar Patrick » Mar 14 Avr 2020 19:07

Millésime 2020 (2): ça pousse!

Chaque année végétative est différente et lors de cette dernières décennie bien malin qui pourrait expliquer ce qu’est un « millésime normal ». En fait nous savons que notre cycle « précoce » se poursuit et qu’il est entrecoupé par des épisodes climatiques pouvant être dévastateurs.
Toutefois voici trois ans que nous n’avons - à Meursault - connu ni grêle ni véritable gelée, ce, même si en 2019 certains secteurs ont souffert d’un froid intense et plus tard d’une longue période de fortes chaleurs.
En fait, sans être « pour » ou « contre » nous observons que la qualité de ce cycle est constante sur chaque millésime et que de ce point de vue nous avons une nature clémente nous faisant produire des vins de haute qualité.
Ce qui est aléatoire a plutôt trait aux rendements. En effet 2012, 2014, 2016 et 2019 furent des années de faible production. Elles sont préférables sans doute aux années abondantes de piètre qualité - 2004,1994 par exemple - mais il est certain que si elles ne sont pas suivies par un millésime un peu plus abondant elles impactent les trésoreries. Lors de cette décennie nous nous en sortons plus tôt bien: 2013 a compensé 2012, 2015 a magnifié 2014, 2017 a sublimé 2016 et 2018 permettra de passer le cap 2019 sans encombre.
Alors me direz vous tout est parfait!? Eh bien en un sens oui car 2020 à une avancée normalement précoce qui le situe dans la lignée de 2012 et 2014 mais surtout il évoque pour l’instant le temps qu’il fit en 2017. Heureux présage a Meursault non? Tant ce millésime est aujourd’hui sans doute une superbe réussite blanche...
Nous commencerons d’ébourgeonner - ejetinner, ejetonner, évasiver...- dès demain en Bouches-Chères pour passer dans les coteaux une première fois durant la semaine qui vient.
Louis et Lucas changent les quelques piquets et tirants (fils) qui sont « fatigués » et Ludovic laboure les vignes de plaine que nous ne souhaitions pas « ouvrir » trop tôt. C’est dur et sec, pas idéal....mais cela se fait.
Tout de bon!
Pièces jointes
DEF60845-0DDF-4505-9366-BC24A3ADCE22.jpeg
DEF60845-0DDF-4505-9366-BC24A3ADCE22.jpeg (42.27 Kio) Consulté 17275 fois
Dernière édition par Patrick le Mer 15 Avr 2020 08:13, édité 1 fois au total.
Patrick
 
Messages: 687
Inscrit le: Lun 29 Oct 2007 13:25
Localisation: Bourgogne - Meursault

Re: Petite Histoire du Millésime 2020

Messagepar Hugo B. » Mar 14 Avr 2020 21:23

Merci pour ces informations Patrick qui nous permettent de suivre avec passion votre travail au domaine et l'histoire de chaque nouveau millésime (avec toujours cette transparence qui vous honore).

Amicalement,
Bien cordialement,
Hugo Boffy
Hugo B.
 
Messages: 2225
Inscrit le: Lun 5 FĂ©v 2018 21:56
Localisation: Schweinfurt

Re: Petite Histoire du Millésime 2020

Messagepar Thierry Debaisieux » Mar 14 Avr 2020 21:55

Merci Patrick.
Nous attendons la suite.

Bonne soirée,
Bien cordialement,
Thierry Debaisieux
Thierry Debaisieux
 
Messages: 15925
Inscrit le: Mer 24 Oct 2007 22:50
Localisation: Nord (Flandre)

Re: Petite Histoire du Millésime 2020

Messagepar Patrick » Dim 19 Avr 2020 10:46

Millésime 2020 (3): De l’influence du climat sur la vigne et les hommes

Maîtriser le temps et l’imaginer idéal pour que les plants de vigne poussent régulièrement et sans dommage est sans aucun doute le rêve secret de chaque producteur.
En tête un modèle se dessine. Régulier et lisse il conduirait la vigne de sa taille à la récolte en un cheminement rectiligne où les gestes viticoles seraient plaqués selon un calendrier rythmé par les saisons, les planètes et les jours qui filent. Une taille en hiver, une période végétative conduisant à la floraison au printemps, une maturation des fruits en Été et une récolte au tout début de l’Automne.
Las, ce modèle constitué par des générations d’observations n’a qu’une valeur informative et chaque année diffère de la précédente. En fait de manière constitutive il n’est pas une année qui est « normale » mais à chaque fois un millésime qui s’inscrit dans un cycle plus large qu’il convient de prendre en compte. Sans doute ces périodes sont elles ces dernières décennies influencés par l’activité humaine mais certainement pas - ou très peu - par l’activité des viticulteurs. Comment pourrions nous par nos actions quotidiennes, influencer le modèle climatique d’ensemble qui marque notre planète? Il serait illusoire de l’imaginer.
En revanche il est permis de comprendre avec acuité comment en ce moment nos millésimes se succèdent. Il est urgent de ne plus considerer qu’une récolte se déroule 8 fois sur 10 entre le 20 Septembre et le 5 Octobre. Il est évident que notre climat s’est quelque peu décalé et que nous avons 7 fois sur 10 des années dont la période végétative démarre à la fin de Mars et qu’ensuite ce climat peine à trouver les ressources hydriques pour les plants qui naguère étaient régulières en Avril et Mai. La plante elle, s’adapte d’ailleurs remarquablement à ces changements. Elle pousse bien sans souffrir et a même en 2019 montré une très grande vigueur en ayant quasiment reçu aucune pluie. Évidemment elle a privilégié sa surface foliaire avant que de favoriser ses fruits - bien plus chétifs qu’à l’accoutumée - mais elle a compris que sa survie en dépendait. En ce sens elle a eu un fonctionnement bio-dynamique naturel.
Il est de ce fait urgent pour le domaine Buisson-Charles de raisonner sans imaginer ce dont la vigne a besoin pour fonctionner selon des processus passés mais au contraire de la suivre pour comprendre son fonctionnement caractérisé par le climat de l’année en cours. On donnerait presque raison à ceux qui il y a longtemps ont repoussé la notion de cru pour la remplacer par celle de climat afin d’isoler un terroir.
En fait nos modélisations sont obsolètes et chaque geste est à reconsidérer selon le déroulement quotidien du temps qui passe. Non plus attendre un effet qui doit venir mais l’anticiper en suivant une voie non contraignante. Raisonner la taille en deux fois avec un calendrier tardif pour éviter les gelées d’Avril, raisonner le labour sans imaginer qu’un sol nu est plus fertile, raisonner l’ébourgeonnage en supposant que les fruits seront moins conséquents, raisonner le palissage en n’omettant pas que trop le cisailler a une influence sur une photosynthèse nécessaire et surtout raisonner les traitements selon une région qui se situe désormais un peu plus bas que la limite nord d’expression du cépage avec un climat plus chaud et sec moins favorable aux maladies.
Nous avons le temps de la Côte Rôtie il y a trente ans et il est évident que s’ils ne traitent que 3 à 5 fois par millésime nous n’avons plus besoin aujourd’hui de rentrer 10/15 fois par an dans nos vignes avec des produits sur-puissants, selon des doses de cheval.
Bon sens, cuivre modéré , soufre mouillable qui ne brûle pas , plantes bien dosées et nous devrions être en mesure de passer le cap tranquillement avec du matériel léger et un retour à l’humain en force dans les vignes.
Nous restons donc serein en ce millésime 2020 face à la pousse régulière qui nous conduira à ébourgeonner à partir du 20 (sauf deux vignes faites avant) et comme aucune pluie véritable n’est annoncée avant 15 jours nous ne traiterons pas avant le 25, moment où quasiment tous les bourgeons auront debourrés.

Tout de bon!
Pièces jointes
51A87D82-3454-49E6-951B-39AB4E991CDC.jpeg
51A87D82-3454-49E6-951B-39AB4E991CDC.jpeg (139.39 Kio) Consulté 17153 fois
Patrick
 
Messages: 687
Inscrit le: Lun 29 Oct 2007 13:25
Localisation: Bourgogne - Meursault

Re: Petite Histoire du Millésime 2020

Messagepar Patrick » Dim 17 Mai 2020 16:24

Perdre fleur et conserver son apex...en Ă©tirant son cycle!

La vigne pousse selon des rythmes liés au temps du millésime en cours mais également selon le rythme interne de son métabolisme. Cette Lapalissade végétative pourrait faire croire que face à elle l’homme est réduit à l’état d’observateur béat, contemplant les rameaux et les fruits tout au long de la saison.
Il n’en est rien.
Avec les années, à la manière de Monsieur Jourdain il nous est apparu que la prose gestuelle que nous utilisions pour cultiver la plante avait une incidence avérée. Après avoir compris de manière empirique que la longueur de la période qui court après la fleur était essentielle à l’obtention de fruits équilibrés et qu’il s’agissait de l’étirer au maximum, est venu le temps de définir quels étaient les moyens de retarder la pousse de la liane pérenne.
Encore une fois rien de révolutionnaire mais plutôt un retour à des préceptes anciens consistant à positionner les bons plants et porte-greffes aux bons endroits, à tailler en deux fois en passant le plus tard possible la seconde fois, à ébourgeonner pour aérer la plante sans la déshabiller, à labourer tardivement, à plier les baguettes le plus tard possible en zone gélive...bref à repousser le début de la saison végétative dans ce cycle actuel qui est à l’évidence précoce.
En luttant ainsi contre la gelée, il nous a été possible de voir nos plants modifier sensiblement leur comportement et adopter un rythme imperceptiblement plus lent que lors des millésimes antérieurs. Ainsi, en ce moment, nous sommes assez loin d’avoir des vignes vigoureuses qui seraient à écimer au niveau de leur apex sommital et nous pouvons tranquillement finir de les ébourgeonner et de les palisser en attendant que la fleur passe complètement, probablement à la fin de ce mois de Mai. Pas avant.
Observez les photos ci dessous qui prouvent avec acuité que nos raisins n’ont pas encore commencés à développer les petits cils blancs de la fleur qui « évolue » puis leur chute qui signale la fin de cette avancée végétative. Cela nous permettra de patienter et d’allonger la saison de mûrissement ce qui permet de complexifier les raisins de limite Nord et de leur conférer cet équilibre abouti qui lui seul permet de révéler le terroir dans toute sa dimension.
En fait nous aimons prendre le temps, retarder le plus possible les différents moments d’intervention pour les exécuter au moment opportun, dans une « temporalité »idéale. Le rythme de la vigne n’est pas celui de l’homme, il ne peut être emprisonné dans le systématisme et si la vigne n’est pas un jardin qu’il faut suivre, elle n’est pas non plus une liane sauvage qu’il faut laisser faire. Non, c’est un organisme vivant qui définit lui même son avancée en prenant celui qui s’en occupe par les vrilles qu’elle lance et les rejets qu’elle émet.
Tu me coupes, je te donne des entre coeurs, tu m’enlèves des feuilles, je limite la croissance de mes fruits, tu me dépouilles trop tôt de mes raisins, je te donne des fruits variétaux, trop tard...je te donne du sucre et des arômes passés.
2020’nous verra sans doute au domaine récolter au début de Septembre - entre le 5 et le 10 à plus ou moins 5 jours près - et nous sommes très heureux de constater que ces dates précoces, récurrentes ces dernières années, sont désormais parfaitement intégrées et maîtrisées par nos process culturaux et de vinif-élevages...
Nous avons fait notre petite révolution copernicienne en ajustant des usages anciens à des réalités modernes. Nous verrons dans quelques temps si les vins qui en sont issus ont le niveau...
Pièces jointes
FB174B4A-5060-4A52-A932-ED77FAF9E114.jpeg
FB174B4A-5060-4A52-A932-ED77FAF9E114.jpeg (119.26 Kio) Consulté 16866 fois
Patrick
 
Messages: 687
Inscrit le: Lun 29 Oct 2007 13:25
Localisation: Bourgogne - Meursault

Re: Petite Histoire du Millésime 2020

Messagepar Patrick » Dim 17 Mai 2020 20:04

100 jours depuis l’île d’Elbe où Accélération temporelle?

Serions nous dans une nouvelle fenêtre temporelle qui ferait que les rythmes qui nous régissent changent notre manière de percevoir le monde?
Faut-il dans nos vignes imaginer que précocité est fille de célérité et qu’en raison d’un départ rapide la course à la maturité peut être réduite par simple effet magique?
Que nenni! Mais pourquoi?
Est-on certain que chaleur et sécheresse sont de bons moteurs à la rapidité de nos plants.. ou alors sont-ce des mobiles pour nos plans?
Questionnement naïfs répondant à des interrogations légitimes.
Nous comptions 100 jours après la pleine fleur - en fait la mi-floraison - pour évaluer un possible début de récolte.Hors le réchauffement qu’induit le cycle de notre climat actuel semble avancer nos repères et si naguère nous terminions notre travail principal sur la plante à la mi-Juillet, il est certain qu’en ce moment il s’achève quasiment systématiquement au 25 Juin. Cela ne nous empêche pas de le poursuivre beaucoup plus tardivement pour fignoler notre action sur les plants mais il est évident que les étapes qui régissent nos actes culturaux se sont avancées.
Toutefois elles n’ont certainement pas modifier le rythme interne de la plante qui continue de suivre sa propre évolution en se moquant un peu des règles nouvelles que nous pourrions nous donner. Comme le raisin qui pousse en Corse ou sur l’île d’Elbe, au Liban ou au sur les coteaux d’Annaba il lui faut une durée minimale pour s’épanouir pleinement et cette durée est si fondamentale que ne pas la respecter c’est aller un peu contre la plante, la nature, le terroir ou le climat.
Ci dessous vous observerez l’état d’avancement des Goutte d’Or du domaine et le fait que la fleur pour l’heure n’a pas démarré sa course sauf sur un jeune plant. Nous en déduisons que celui-ci a cinq à six jours d’avance et que pour le reste de la parcelle la Mi-floraison aura lieu en fin de semaine prochaine car le temps annoncé sera chaud et sec. Il fera suite à plus de 50 mm de pluie reçue en dix jours et à quelques journées venteuses ralentissant un peu la pousse. Une mi-floraison que sans risque nous observerons entre le 25/05 et le 10/06 dans les vignes du domaine Buisson-Charles.
La première manche se jouera en Charmes, Cras, Tessons et Goutte d’Or, la dernière à Pommard en Mareau comme tous les ans.
En faisant fi des aléas climatiques toujours possibles - vade retro satanas! - il nous paraît assez clair que nous ne vendangerons pas en Août et qu’en tous cas aucun de nos villages et Bourgogne ne sera récoltés avant le 5/7 Septembre. Pour les premiers crus je vous en dirai un peu plus lors de mon prochain « billet » mais cela risque d’être identique même avec un été sec et caniculaire.
Pièces jointes
A6BFBA76-B651-4B21-9FBA-8371F0153CB8.jpeg
A6BFBA76-B651-4B21-9FBA-8371F0153CB8.jpeg (112.31 Kio) Consulté 16835 fois
Patrick
 
Messages: 687
Inscrit le: Lun 29 Oct 2007 13:25
Localisation: Bourgogne - Meursault

Re: Petite Histoire du Millésime 2020

Messagepar Thierry Debaisieux » Dim 17 Mai 2020 20:33

Merci, Patrick.
Je lis tes textes avec attention et plaisir.

Bonne soirée,
Bien cordialement,
Thierry Debaisieux
Thierry Debaisieux
 
Messages: 15925
Inscrit le: Mer 24 Oct 2007 22:50
Localisation: Nord (Flandre)

Re: Petite Histoire du Millésime 2020

Messagepar Patrick » Sam 30 Mai 2020 09:20

Pleine Fleur

Au domaine Buisson-Charles la pleine fleur - à savoir la mi-floraison dans une parcelle - a été atteinte du 23 au 28 Mai pour nos Meursault, Volnay et aligoté et se poursuit dans les parcelles de pinots et particulièrement à Pommard en Mareau où elle n’a pas encore commencé.
Contrairement à certaines idées reçues l’été chaud qui s’annonce n’accélèrera pas la maturation des baies et la chute des capuchons floraux et nouaison annonce un début de véraison de nos chardonnays autour du 25/28 Juillet, il faudra ensuite encore 35 à 42 jours pour que leur mûrissement s’opère intégralement.
La chaleur sèche et l’éventuel manque d’eau ne changera rien à ce cycle inscrit dans l’ADN de la plante, au contraire sans eau et si la canicule se met en route - un élément auquel je ne crois guère si j’en juge les projections à longue vue de nos différentes météo et surtout le caractère de cette année régulièrement venteuse - nous pourrions avoir des blocages de maturité dûs à des stress hydriques.
Je ne le vois pas ainsi. Nous allons vers un été solaire et donc chaud mais pas vers la fournaise. En attendant le vent et le soleil nous ont amené à supprimer purement le traitement soufre et cuivre prévu ces derniers jours car nos vignes sont parfaitement saines. Si l’oïdium qui concerne essentiellement les blancs, rôde encore, le mildiou n’a pas les conditions favorables à son développement et il nous paraît inutile de disposer du cuivre dans les vignes en ce moment.
Nous préférons travailler sur la plante et fignoler son feuillage pour aerer les raisins abondants cette année. Mode prophylactique donc! On peut même dire que les raisins sont potentiellement très abondants, au point que nous repassons dans chaque vigne pour enlever des rameaux une seconde fois tant il est évident que si nous ne le faisons pas, nos rendements ne nous permettrons pas de produire les vins que nous avons en tête.
Toutefois il faut garder de la mesure dans ce geste qui prive la plante d’une partie de ses fruits car comme l’an dernier ceux ci risquent d’avoir un poids moyen inférieur à une année plus humide. Les grappes pèseront sans doute 10 à 20% de moins qu’en 2018. Elles sont plus petites dans nos vignes bien que parfaitement formées et parfois disposées en grappes agrégées les unes aux autres...ce sont celles-ci que nous faisons sauter.
Les dix jours qui s’annoncent seront à l’évidence harassant pour les organismes mais la fin du « coup de feu » approche et c’est très bon pour le moral...
Pièces jointes
B81F75F0-C8BB-484C-B039-9DFFD9F70009.jpeg
B81F75F0-C8BB-484C-B039-9DFFD9F70009.jpeg (184.44 Kio) Consulté 16613 fois
Patrick
 
Messages: 687
Inscrit le: Lun 29 Oct 2007 13:25
Localisation: Bourgogne - Meursault

Re: Petite Histoire du Millésime 2020

Messagepar Patrick » Ven 5 Juin 2020 08:10

Canicule, pluie et capuchons

Il y a quinze jours certains esprits devins nous annonçaient une canicule estivale et des chaleurs de juin insoutenables. Evidemment tout cela selon un temps sec et une absence de pluie. Après le corona, la vague de chaleur devait une fois de plus faire des ravages.
Il n’en sera rien.
20 millimètres de pluie reçue il y a quinze jours et encore 20mm hier et avant-hier feront de ce mois de Juin un mois paisible où nos organismes et la plante que nous cultivons ne souffriront pas. Un temps de saison, une avancée végétative qui suit un rythme régulier et qui ces derniers jours entame sa course vers la nouaison par la chute des capuchons floraux. En somme une idéale cinétique.
Les vignes sont majoritairement en bonne santé même s’il faut observer de ci de là des taches de chlorose un peu plus marquées que l’année dernière et si la tylose ( dépérissement) des porte-greffes 161 plantés récemment n’est pas une vision de l’esprit. Certains secteurs plantés ces dix dernières années sont même durement touchés et la seule solution semble être l’arrachage. Heureusement au domaine nous sommes très peu touchés par ce phénomène même si. Lis restons vigilants. Merci les vieilles vignes!
Avec un temps aussi clément qui exclut fortes chaleurs et froid de nuit, les maladies sont en quelque sorte « en sommeil » mais évidemment le risque rôde. Nous avons donc étirer la durée entre les traitements et limité l’emploi du cuivre qui n’est pas vraiment nécessaire en ce moment. Poir l’instant aucune trace de mildiou ou d’oïdium.
La véraison devrait avoir lieu à partir de la fin de Juillet et selon les observations au domaine elle se terminera vers le 5/10 août dans nos vignes pour peu que deux averses - au moins - de 20 mm marquent cette période d’environ 55/60 jours.
Selon ces prévisions les Vendanges auront lieu vers le 5/7 Septembre à plus où moins cinq jours près. Je vous ai déjà écrit cela en Mars, en Avril et en Mai...cela se confirme!

(Ci dessous, le petit Clos des Magnys relevé et ébourgeonné deux fois puis écimé à la cisaille. Nous le « repasserons » encore trois fois au minimum...)
Pièces jointes
B490E166-2C1D-408B-9DAC-C0AED415BB67.jpeg
B490E166-2C1D-408B-9DAC-C0AED415BB67.jpeg (159.33 Kio) Consulté 16496 fois
Patrick
 
Messages: 687
Inscrit le: Lun 29 Oct 2007 13:25
Localisation: Bourgogne - Meursault

Re: Petite Histoire du Millésime 2020

Messagepar Patrick » Sam 6 Juin 2020 19:58

RĂ©flexion: Horloge interne

Nous vivons dans un monde où les calculs sont de plus en plus sophistiqués et où les moyennes de toutes sortes de paramètres peuvent être consignées et rendues signifiantes. Ainsi en matière de viticulture la période végétative essentielle qui conduit la vigne de son débourrement à la récolte de ses fruits est elle scrutée et analysée pour produire des résultats chiffrés qui modélisent possiblement son avancée.
Sans entrer fastidieusement dans des relevés nombreux et complexes, les études agrégatives récentes tentent de modéliser la relation qu’il y a entre les températures moyennes observées et les dates qui régissent le rythme de la plante. Schématiquement si au cours d’une saison la température moyenne augmente de 10% par rapport à une année dites moyenne ou la récolte se ferait au 20 Septembre, certains calculs projettent une cinétique qui induit une accélération de 10% des mécanismes qui régissent la pousse de la vigne.
Il n’en est rien.
En effet la vigne possède sa propre « révolution » interne et tous ses mécanismes observés tendent à prouver qu’elle peut faire tampon à cette accélération due à la chaleur et au degré d’insolation pour freiner vigoureusement sa course à la maturation. En somme si 2003 a été 17% plus chaud que 2002 le temps qu’il a fallu à la plante pour mûrir n’a été « accéléré » que de quelques jours. Sinon nous aurions récolté le 8/08!!! Cela ne fût pas le cas.

Mon propos n’est pas ici de prendre parti et de décider de qui a raison ou qui a tort parmi les scientifiques (cf le lien ci dessous) mais il me paraît évident, depuis que j’observe les vignes du domaine que les réponses qu’elles nous donnent selon les saisons/millésimes qui les impactent sont toujours tempérées par un fonctionnement interne inhérent à la plante elle même, aux sélections de plants, de porte-greffes, au travail qu’on lui apporte et à la manière de la conduire. La main humaine est en ce sens le meilleur moyen de guider finement sa progression et de définir avec le caractère climatique de l’année, le moment le plus judicieux pour récolter des fruits équilibrés parfaitement.
A ce titre en combinant connaissances, ressentis liés au travail quotidien dans les vignes et choix liés aux potentialités des fruits que l’on souhaite produire, il convient d’affirmer que nous ne pouvons être seulement des observateurs d’un changement lié au climat en le subissant. Il est nécessaire de définir des procédures permettant de continuer à étirer la durée qui conduit la vigne de son débourrement à la floraison, puis de cette floraison à la veraison et enfin à la récolte. Car c’est ce temps le plus long possible qui est la marque des vins septentrionaux à la condition qu’il soit étiré sans que le fruit ne s’effondre au niveau de son équilibre acide-sucre.

Mon horloge interne est alors en phase avec ces fruits ultimes qui par leurs caractères telluriques selon des contraintes climatiques maîtrisées peuvent permette de produire des vins dont ont peut signifier alors qu’ils ne sont plus variétaux mais organiques.
En somme il n’est plus envisageable de produire des vins acides aux senteurs de citron sur des effluves délicatement toastés/ grillés en se réclamant vigneron du terroir. La complexité de nos sols est au delà des ses effets de style réducteur qui en simplifiant le goût ont permis de produire des vins sans âme qui se ressemblent tous et qui sont plus des vins d’équilibre aux accents bien lisses que des vins profonds et originaux capables de dépasser les codes communément admis et les typicités les plus simplificatrices.
Patrick
 
Messages: 687
Inscrit le: Lun 29 Oct 2007 13:25
Localisation: Bourgogne - Meursault

Re: Petite Histoire du Millésime 2020

Messagepar Thierry Debaisieux » Sam 6 Juin 2020 20:23

Merci, Patrick, pour cette somme d’informations.

Bon dimanche.
Bien cordialement,
Thierry Debaisieux
Thierry Debaisieux
 
Messages: 15925
Inscrit le: Mer 24 Oct 2007 22:50
Localisation: Nord (Flandre)

Re: Petite Histoire du Millésime 2020

Messagepar Patrick » Sam 13 Juin 2020 09:45

Disque Solaire

Depuis 2009 nous vivons un cycle climatique chaud où les millésimes viticoles précoces se succèdent. En 11 millésimes les années ou le début des vendanges s’est effectué en Août représentent plus de la moitié de la production.

Ainsi 2009,2011,2015,2017,2018,2019 auquel on peut ajouter 2016 qui, moins précoce, a connu un mois de Septembre très ensoleillé et 2020 qui s’annonce, ont tous vu les vendangeurs à la fin d’Août ou au tout début de Septembre, arpenter les rangs de vignes, sécateurs à la main.
S’interroger sur cette permanence liée à la chaleur et peut être encore plus à l’avancée végétative est sans aucun doute nécessaire pour comprendre ce qu’il est possible de produire comme vins en terme d’équilibre.
Lorsque la vigne démarre sa saison avec une avance de trois semaines par rapport aux dates moyennes constatées à la fin du vingtième siècle et au début du suivant, il convient de définir si cette évolution peut ou doit marquer les crus issus de terroirs qui auparavant s’exprimaient parfaitement selon une progression différente ou plutôt différée.

En d’autre terme doit on accoutumer nos pratiques et productions aux temps actuels ou poursuivre de chimériques équilibres obtenus autrefois selon de conditions climatiques différentes?
Nos expériences passées ont toutes, à des degrés divers, forgés notre goût en définissant des modèles gustatifs inconscients. Oh bien entendu cela incorpore année mûre et année de tension car leurs successions a toujours été naturel, mais il n’empêche nos préférences vont souvent plutôt vers l’un ou plutôt vers l’autre. Difficile en vérité de demander à notre cerveau d’apprécier des crus aux équilibres radicalement différents.
Pourtant je crois qu’il est nécessaire de le faire.
J’aime beaucoup le dernier millésime de tension naturel qu’est 2013, sans doute également le classicisme - entaché de raisins grêlés sur certaines zones - qu’est 2014 et si mon goût ultime personnel va aux millésimes capables de préserver concentration, maturité et tension comme le furent les 79, 64 ou 55 je me dis qu’il est bon de toujours conserver le gradient de maturité que l’année autorise.
Solaire, frais, mûr, tendu, « sucreux »,salin?... en fait le climat décide bien souvent pour nous et ce qu’il est possible de capter au mieux sans aucune correction œnologique est avant tout à relier au temps de l’année.
Reprochera t’on à 1947 et 1976 d’avoir généré des vins plus capiteux et d’acidité basse que 1962 ou 1990? Stigmatiserions nous un Condrieu - ou un Hermitage blanc - visqueux et texturé face à un Sancerre ou un Saumur blanc? Je ne crois pas.
Le domaine Buisson-Charles ne cherche donc pas dans ses vins un équilibre déterminé par ses goûts mais plutôt une production révélatrice de l’endroit et du caractère saisonnier que la vigne porte dans son adn cette année là.
Ainsi en 2018 les acidités furent plus élevées chez nous qu’en 2015 ou 2009 avec près d’un demi degré de moins et les équilibres seront assez proches au fond de ces 1979 que nous aimons tant aujourd’hui mais 2019 qui suit aura le caractère des 47, solaire, riche et d’une concentration hors norme, au sens où cela n’arrive probablement chez nous au domaine Buisson-Charles que tous les 50 ans. Il nous est apparu nécessaire de preserver cet équilibre naturel sans essayer de l’édulcorer pour le rendre plus lisse, plus consensuel, plus habituel...
...en fait je crois que capter le soleil fût en 2019 une quête vers quelque chose d’absolu, quelque chose que nous - ma génération - n’avions encore jamais véritablement approché.
Alors oui, solaire, mûr, plein, extravagant et unique...le culte de l’astre solaire fût notre graal dans ce millésime qui aurait plu à Akhenaton! Cela ne fait pas de nous des pharaons adorant aveuglement le disque lumineux mais en revanche oui, nous acceptons, lorsque la nature le décide, de lui rendre grâce...
Pièces jointes
3F272084-6972-4D9D-AE86-ECBDD660EB4C.jpeg
3F272084-6972-4D9D-AE86-ECBDD660EB4C.jpeg (249.53 Kio) Consulté 16273 fois
Patrick
 
Messages: 687
Inscrit le: Lun 29 Oct 2007 13:25
Localisation: Bourgogne - Meursault

Re: Petite Histoire du Millésime 2020

Messagepar jef33 » Lun 15 Juin 2020 21:15

Superbe, merci de donner votre avis sans ambages sur les millésimes, 2019 s'annoncerait il pour la générations future?

Je suppose que vous parlez exclusivement des blancs.
Jean François
jef33
 
Messages: 345
Inscrit le: Mer 17 DĂ©c 2014 22:43
Localisation: Bordeaux

Re: Petite Histoire du Millésime 2020

Messagepar Patrick » Jeu 18 Juin 2020 11:54

Retour aux Stades

Le temps frais et humide de ce mois de juin qui était annoncé comme potentiellement « caniculaire » a largement contribué à calmer les ardeurs de l’avancée végétative des vignes. Comme souvent d’ailleurs celle-ci connaît dans un cycle « large » très régulier des variations d’allure inhérentes aux températures enregistrées. Il est par ailleurs assez évident de constater que la pluviométrie est largement en lien avec les degrés solaires.
En somme au 20 Juin après un départ digne d’une finale d’un cent mètres nous sommes passés depuis quatre semaines en mode demi fond beaucoup qui voit la course végétative se dérouler « au train » et sans réelles accélérations.
En observant les graphes ci dessous qui croisent les avancées de la pousse de la vigne depuis 13 ans et les dates de récolte du domaine. Vous observerez que, sans surprise aucune, le stade actuelle nous amène à un départ de récolte qui serait donné au début de Septembre. Depuis plusieurs mois j’évoque le 7 mais il est permis d’imaginer une variation à plus ou moins 5 jours selon les zones de récolte. Si Cras, Santenots et Charmes risquent d’être prêtes au début du coup de feu, Pommard ne sera assurément pas dans les starting-blocks blocks avant le 15 Septembre au mieux. Pour les autres climats et crus la tendance est souvent la même et nous devrions couper les rouges au milieu de la campagne et à la fin. Les premiers crus se feront plutôt au début de cette course à handicap. Je vous reparlerai de tout cela.

Ces dates montrent avec une certaine acuité des choix de récolte visant à obtenir des fruits aboutis n’ayant pas à être corrigés en sucre ou en acidité. Nos choix de récolte ne sont donc - vraiment! - pas liés à des options idéologiques ou stylistiques visant à couper « tôt » ou « tard » mais bien au contraire à respecter l’avancée de la maturité de nos raisins dans nos vignes en postulant dès le départ notre choix de ne pas intervenir sur les moûts.
Pièces jointes
F1A98712-9F50-44AA-8868-96141DEFEA74.jpeg
F1A98712-9F50-44AA-8868-96141DEFEA74.jpeg (88.21 Kio) Consulté 16034 fois
7EE38348-C3C2-4D87-99F0-060A54EE06D6.jpeg
7EE38348-C3C2-4D87-99F0-060A54EE06D6.jpeg (63.06 Kio) Consulté 16034 fois
Patrick
 
Messages: 687
Inscrit le: Lun 29 Oct 2007 13:25
Localisation: Bourgogne - Meursault

Re: Petite Histoire du Millésime 2020

Messagepar Patrick » Sam 27 Juin 2020 09:42

Souffrance

Le temps est au beau, les vignes ont une très belle apparence et si la fleur a un peu coulé à la fin de Mai,les charges de ce millésime sont potentiellement confortables.
Pourtant le vignoble souffre.
De manière visible la chlorose parsème plus que les autres années les coteaux et les plaines et les lunes de ceps jaunes sont disséminées un peu partout. Cela est déjà un peu inquiétant.
Mais il y a pire. La tylose du porte greffe le plus qualitatif des crus - le 161-49 - a déclaré la guerre à notre récolte et étouffe les plants depuis plus d’un mois. Cette maladie du cep qui en quelque sorte l’asphyxie et l’empêche de se développer est de plus en plus visible. Tous les 161 plantés il y a moins de 15/20 ans semblent en être affectés et il n’est pas rare de voir des parcelles entièrement dévastées par le phénomène.
Certains domaines ont utilisé ce plant dans les meilleurs secteurs et sont vraiment inquiets de ce développement de la maladie de plus en plus virulent. Nous avons également des zones impactées et évidemment cela ne manque pas de nous questionner. Peu de réels remèdes existent en dehors d’ajouts réguliers de potasse mais même cela semble inefficace cette année. Car évidemment nous n’avons pas attendu de voir de tels symptômes pour tenter de remédier à leurs prémices.
Sur certains ceps des grappes sèchent sur pied et devront être écartées de la récolte sous peine d de la gâter.
Décidément l’année 2020 est celle de toutes les viroses...
Pièces jointes
8F0F4FD9-6409-42BB-BD50-33BDC003373D.jpeg
8F0F4FD9-6409-42BB-BD50-33BDC003373D.jpeg (208.91 Kio) Consulté 15845 fois
Patrick
 
Messages: 687
Inscrit le: Lun 29 Oct 2007 13:25
Localisation: Bourgogne - Meursault

Re: Petite Histoire du Millésime 2020

Messagepar Patrick » Mer 1 Juil 2020 13:49

Jeux de mains, jeux de raisins...Aligoté for ever.

La saison de travail dans les vignes est en phase de ralentissement. Le plus gros est fait car désormais toutes les vignes sont palissées-redressées-accolées et cisaillées.
Au stade de la fermeture de la grappe qui est intervenue dans nos vignes - selon les parcelles - entre le 23 et le 30 Juin nous pouvons constater véritablement quelles sont les charges que l’année autorisera et selon toute vraisemblance cette année nous serons gâtés.
Nous pensions même je crois à une possible récolte plus confortable encore mais la fleur est passée difficilement à certains endroits et il n’y aura pas besoin de si grands paniers que cela pour cueillir nos raisins. Pour la qualité c’est excellent car notre choix n’est véritablement pas de remplir la cuverie. Une belle récolte à 45/48 hl/ha de moyenne nous ravirait. Nous verrons bien.
Le stade mi-floraison ayant eu lieu entre le 22 et le 30 mai, il est aisé de constater que les 32 à 35 jours ont été respecté jusqu’à la fermeture de la grappe et que la veraison selon toute vraisemblance démarrera dans nos parcelles environ 32 à 35 jours plus tard, soit au début du mois d’Aout en moyenne. Le temps annoncé pour Juillet est beau et chaud mais entrecoupé d’averses orageuses et marqué par des températures non caniculaires. Si le ciel ne nous tombe pas sur la tête (ma photo!)- ce qui est toujours possible localement - nous nous acheminons vers une année très classique en terme d’équilibre et pour tout dire, proche de 2018 mais avec un rendement sans doute plus faible.
Les bulletins divers qui fleurissent de ci de là confirment donc mes impressions premières formulées en Avril et valident une récolte raisonnable au tout début de Septembre.
Intuitivement je perçois les pinots un peu en avance sur les chardonnays mais les deux cépages souffrent véritablement de viroses dans nombre de secteurs. Je vous en ai déjà parlé dans mon billet précédent. Seuls les aligotés semblent totalement exempts de ces viroses qui a n’en pas douter proviennent de ce cycle chaud et précoce qui a marqué ces dix dernières années.
79A20C1E-4800-431B-B3C8-4773AB6623F0.jpeg
79A20C1E-4800-431B-B3C8-4773AB6623F0.jpeg (70.08 Kio) Consulté 15719 fois

Serait-il « Le »Cépage bourguignon de demain. Je me pose cette question simple lorsque je vois ce qu’il a pu donner en 2019 en préservant une acidité assez étonnante dans ce contexte et en prenant une complexité de cru d’élite.
Nous allons peut être voir un jour des zones de premier ordre plantées avec ce cépage en dehors des Monts Luisants de Morey et quelques secteurs de la montagne de Corton. Et si au fond le renouvellement de notre viticulture ne passait pas par une redécouverte de ce vieux et sous estimé cépage?...
Ă€ suivre!
Patrick
 
Messages: 687
Inscrit le: Lun 29 Oct 2007 13:25
Localisation: Bourgogne - Meursault

Re: Petite Histoire du Millésime 2020

Messagepar Patrick » Mer 8 Juil 2020 21:06

Saison de main terminée...allons rogner dans les bois ma mignonette et penchons nous au chevet de nos ceps!

Ludovic, Louis et Lucas ont pour la quatrième fois repassé les vignes pour les relever, est alors venu le temps de fignoler ce travail grâce à un engin que l’on évite de trop utiliser pour ne pas tasser les sols: la rogneuse mécanique!

Pour remettre toutes les vignes à - environ - 1,25 mètre de hauteur en coupant les feuilles du dessus et les entrecoeurs latéraux et laisser ainsi circuler librement l’air entre les rangs et les grappes en même temps qu’en autorisant une insolation mesurée, il est utile de passer cet engin peu raffiné pour cisailler le « trop »de verdure.
Évidemment cela laisse les vignes « au carré » ce qui est très laid car uniforme, l’inconvénient est que chaque rang se retrouve tassé et présente une terre quelque peu compactée alors que nous avions un sol plus aéré durant toute la saison en vert car nous avons cisaillé toute la saison à la main. Pour limiter ce funeste effet ce travail a été réalisé sur des sols secs et sera suivi du dernier petit coup de griffe de la saison afin de redonner au sol sa texture lâche. Ce labour léger permettra aussi d’éradiquer la plupart des herbes résiduelles.
Deux mois avant les vendanges environ la terre laissera ensuite une végétation complexe reprendre ses droits dans les rangs, progressivement, doucement et surtout après les pluies annoncées - sans doute- pas avant trois semaines, à peu près au milieu de la veraison.
Sinon le temps est ensoleillé et chaud la journée mais il n’est pas caniculaire car les nuits restent assez fraîches. La plante pousse doucement et n’évoluera pas très vite car les pluies annoncées à longue vue seront sans doute rares jusqu’aux vendanges. Nous verrons.
Je crois plus que jamais à la force de la patience et à la mesure d’un raisonnement fondé sur l’observation fine de la progression de la maturité des fruits. Il me paraît ainsi évident que le temps actuel ne favorise en rien une accélération de la pousse végétative et du mûrissement des baies. D’autant que les pieds malades - nombreuses viroses et pieds chétifs - vont sans aucun doute empêcher une bonne maturité des fruits portés par ceux-ci.
Le plan d’action qui se dessine pour lutter contre ces maladies est d’une rare faiblesse et les moyens que l’on y consacre sont ridicules quand on observe ce qui peux se dépenser pour un oenotourisme financé par une inter-profession qui au fond n’en a guère besoin...ce manque de lucidité risque de nous coûter cher dans un avenir très proche.
On aura ainsi de nombreux visiteurs venus de loin se promener dans des sentiers balisés et des écoles tenues par de doctes personnes romançant la poésie du Bourgogne et son histoire revisitée au milieu d’un vignoble malade que l’on sera incapable de soigner.
Nous avons besoin d’un vrai visionnaire n’ayant pas peur de dire les choses vraiment et surtout de poser les vrais problèmes actuels au centre de toutes les actions: maladie de nos vignes, transmission des propriétés, rôle des brigands qui marchandent les vignes aux plus offrants et qui doucement mais sûrement éloignent les bourguignons de leurs propriétés.
Patrick
 
Messages: 687
Inscrit le: Lun 29 Oct 2007 13:25
Localisation: Bourgogne - Meursault


Retour vers Bourgogne

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit and 19 invités


cron