Index du forum ‹ Les rubriques ‹ Languedoc/Roussillon

[Jean-Pierre NIEUDAN]

Les dégustations de Jacques Dupont

Dans la foulée de domaines reconnus, des nouveaux (excellents) font leur chemin. Episode 1.

Nous n’étions pas revenus à La Grange-des-Pères depuis ses tout débuts, il y a plus de quinze ans. Nos visites s’orientent davantage vers les nouveaux, les inconnus, et La Grange avait rencontré immédiatement le succès. Les vins se vendaient bien et cher. Laurent Vaillé et sa délicieuse famille - son frère et ses parents - n’en tirent aucune gloire et continuent de vivre à leur façon, presque en autarcie, avec la passion du potager, des volailles dodues et des oeufs du poulailler.

Le principe Vaillé est dans cette déclaration de Laurent : « Faire du vin, c’est d’une simplicité biblique, mais c’est difficile, la simplicité biblique ; difficile, intellectuellement, de ne pas intervenir. » Ce n’était pas facile non plus de repérer les anciennes parcelles sur le plateau d’Aniane, cultivées par les moines il y a dix siècles. « Je ne pouvais pas les interroger, je n’avais pas de recul ! C’est venu en discutant avec Paul, un vieux du village. Il m’a emmené ici, où c’est frais, orienté est et nord. J’ai fait des analyses et des recherches. C’étaient de toutes petites parcelles qui, après les moines, avaient été cultivées par les ouvriers des tanneries. Elles ont fermé au XIXe siècle et, depuis, c’était en friche. » Les Vaillé ont fait le tour des particuliers, des héritiers. Ils ont rassemblé 15 hectares et ont procédé à leur première vendange en 1992. Laurent Vaillé a appris son métier chez les grands, tel Jacques Raynaud, aujourd’hui disparu, vinificateur du Château Rayas, à Châteauneuf-du-Pape.

A son tour, il joue le rôle de celui qui transmet. Parmi ses poulains, Frédéric Pourtalié au Domaine de Montcalmès, à Puéchabon, dont une partie du vignoble est également sur Aniane. « Mon père était coopérateur. De 1960 à 1999, une génération a porté les raisins sans vinifier. Il avait planté des syrahs et des grenaches sur des terrains pauvres. Ils faisaient des petits rendements, et en coop ce n’est pas rentable... » Frédéric a rejoint son père et, en 1999, ils ont vinifié chez eux leur première vendange.

En 2003, sa soeur Muriel et son cousin Vincent sont venus rejoindre Frédéric ; ils ont fait creuser une cave de vieillissement de 240 mètres carrés sous la colline, capable d’accueillir deux millésimes. Le domaine propose des rouges poivrés, minéraux, remarquables et - c’est plus rare en Languedoc - des blancs d’une grande fraîcheur : « On recherche la minéralité plus que la richesse. » Le domaine de 20 hectares s’est rapproché de la culture en biodynamie : « On respecte le calendrier, on met en bouteille sans filtration, à lune finissante. On fait notre propre chemin. »

A suivre...
http://www.lepoint.fr/actualites-vins/2 ... 9/0/388108