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Champagne : le vin plaisir est aussi un vrai vin

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Mer 31 DĂ©c 2008 16:18

J’aime le Champagne, et il faut le considĂ©rer comme un vin Ă  part entiĂšre : les trĂšs grandes cuvĂ©es de prestige (celles que l’on retrouve dans mon Classement dans la catĂ©gorie des Premiers Grands Vins ClassĂ©s, puis dans une bonne partie des DeuxiĂšmes Grands Vins ClassĂ©s) sont des cuvĂ©es de Champagne que l’on boit comme un grand vin, en les associant Ă  des moments du repas, sur des plats appropriĂ©s. On a la chance d’accĂ©der ainsi aussi bien au summum de la finesse qu’à celui de la complexitĂ© et de la vinositĂ©.

Le Champagne a donc franchi les simples barriĂšres du luxe et de la fĂȘte pour devenir un vin Ă  part entiĂšre. Tant mieux, car, la force du terroir est rĂ©elle ici et vient s’allier Ă  cet art exceptionnel de l’assemblage que chaque vigneron ou maĂźtre de chai va marquer de sa “patte”, crĂ©ant une bouteille unique, que personne n’a rĂ©ussi Ă  Ă©galer, partout dans le monde, oĂč l’on ne fait que des mousseux... Qu’elles dĂ©gagent des notes de chĂšvrefeuille, de rose ou d’abricot, qu’elles dĂ©veloppent en bouche les nuances de noisette, de brioche ou de fruits mĂ»rs, les cuvĂ©es sont plus passionnantes les unes que les autres, dans une large gamme, alors que l’image de marque n’est plus suffisante, la rĂ©gularitĂ© qualitative et les prix, justifiĂ©s (ou pas), faisant la diffĂ©rence.
Bien que l’on en parle moins (Ă  tort), le terroir, les sols ont toute leur importance en Champagne, apportant une spĂ©cificitĂ© rĂ©elle et diffĂ©rente selon que l’on se trouve Ă  Cramant ou Ă  Épernay, Ă  Ay ou Ă  Bouzy, dans l’Aube ou la Marne. À cela s’ajoute la proportion des cĂ©pages, et chaque maison, cave ou vigneron, possĂšde alors les facultĂ©s de crĂ©er vĂ©ritablement une cuvĂ©e lĂ©gĂšre ou puissante. Et puis, ce qu’il ne faut pas occulter pour comprendre la diffĂ©rence entre une grande cuvĂ©e et une autre, ce sont, outre l’art fondamental de l’assemblage que signe la main de l’homme, les incontournables vins de rĂ©serve, que l’on ajoute Ă  des vins plus jeunes. On ne fait un grand vin que si l’on a du stock, l’exception confirmant la rĂšgle.

Comme partout Ă©galement, on trouve aussi des cuvĂ©es bas de gamme, qui changent de nom et d’étiquette selon leurs distributeurs, et des cuvĂ©es de concours qui masquent l’ensemble de la production, faute de savoir-faire ou d’approvisionnements adĂ©quats. Certaines nĂ©gociants sont dans ce cas, de plus en plus de producteurs se rĂ©servant leurs meilleures cuves ou raisins pour vendre en direct (on les comprend). Il y a aussi des cuvĂ©es bien trop chĂšres, difficilement cautionnables, donc. Attention aussi aux nombreuses marques qui appartiennent Ă  certains “faiseurs”. Ai-je besoin de souligner que, autant que je puisse le savoir (certaines marques – caves coopĂ©ratives ou nĂ©gociants – cachant bien leur vĂ©ritable identitĂ©), ceux qui ne sont plus que des noms sur une Ă©tiquette ne font pas partie de cette hiĂ©rarchie, comme d’autres marques de nĂ©goce, dont la qualitĂ© n’est pas en cause, qui sont dirigĂ©es par des responsables de groupes qui vendent du Champagne aujourd’hui comme demain de la lessive


Mon Classement 2009 est donc un vrai coup de cƓur, entiĂšrement actualisĂ©, et vous montre le vĂ©ritable visage de la Champagne, qui tient compte de la qualitĂ©, du prix, de la rĂ©gularitĂ©, de l’accueil et de la passion des hommes. C’est ce qui fait tout son intĂ©rĂȘt ; rĂ©compenser les meilleurs, les plus connus comme les autres, ceux qui respectent les consommateurs. L’image de marque n’est plus suffisante, c’est la rĂ©gularitĂ© qualitative et des prix justifiĂ©s (ou pas) qui comptent. Ce Classement, cette hiĂ©rarchie plutĂŽt, vient toujours, et avant tout, rĂ©compenser les efforts accomplis, le talent des hommes et leur volontĂ© qualitative, qu’ils Ă©lĂšvent des cuvĂ©es de grande rĂ©gularitĂ©, de la plus prestigieuse Ă  la plus sympathique, sans comparer ce qui ne l’est pas, depuis des gĂ©nĂ©rations ou simplement depuis 10 ans... Voir les meilleurs vins de l’annĂ©e.

Les Premiers Grands Vins Classés
Il y a 22 maisons qui atteignent le haut du pavĂ© cette annĂ©e, certaines d’entre elles bĂ©nĂ©ficiant d’un exceptionnel rapport qualitĂ©-prix-rĂ©gularitĂ©. On remarquera que la plupart sont des maisons familiales (certaines marques ne sont plus que des noms qui changent rĂ©guliĂšrement de main), et qu’une seule coopĂ©rative y est prĂ©sente. Les (trĂšs) grandes maisons historiques, qui ont su prĂ©server, voire accentuer, leur suprĂ©matie qualitative, mĂ©ritent un vĂ©ritable “coup de chapeau”. Pas si facile pour Taittinger ou Pol-Roger de rester au “top” depuis longtemps (ces grandes maisons sont souvent propriĂ©taires d’importants vignobles et dirigĂ©es par des hommes pour lesquels la continuitĂ© patrimoniale prime, ceci expliquant cela), d’autant plus que l’on peut estimer que leurs plus grandes cuvĂ©es mĂ©ritent leur prix, alors que pour d’autres marques rĂ©putĂ©es, il est de plus en plus difficile de justifier les prix atteints par certaines cuvĂ©es de “prestige” Ă  200 ou 300 e, sans parler de certaines marques qui font des cuvĂ©es de base chĂšres qui n’ont pas grand intĂ©rĂȘt. Celles que nous mettons au sommet sont aussi des maisons qui rĂ©ussissent remarquablement leurs “simples” cuvĂ©es, et ce n’est pas le plus facile.

Aux cÎtés de maisons incontournables (Charles Heidsieck, Gosset, Alfred Gratien...), quelques autres atteignent les sommets, notamment pour récompenser un savoir-faire et/ou un rapport qualité-prix indéniable (Thiénot, De Sousa, Ellner, Veuve A. Devaux et Pierre Peters). Trois autres sont à leurs cÎtés cette année : Geoffroy, Philipponnat, De Venoge.
Chaque marque n’est bien sĂ»r pas Ă  “comparer” Ă  une autre, et le tout est de rester maintenant Ă  sa place. Il est donc impĂ©ratif de suivre Ă  la lettre la hiĂ©rarchie interne de ce Classement 2009, les Premiers des “Premiers” Ă©tant intrinsĂšquement “supĂ©rieurs” aux autres “Premiers”, et ainsi de suite, en sachant que le rapport qualitĂ©-prix prime et explique bien des choses, exceptions obligent.

Les DeuxiÚmes Grands Vins Classés
C’est vraiment une mine d’or pour les amateurs exigeants, passionnĂ©s par les terroirs qui permettent cette mosaĂŻque unique avec un exceptionnel rapport qualitĂ©-prix-plaisir. Une hiĂ©rarchie forte se met Ă©galement en place Ă  l’intĂ©rieur de cette catĂ©gorie, les Premiers des “DeuxiĂšmes” Ă©tant aussi intrinsĂšquement “supĂ©rieurs” aux autres “DeuxiĂšmes”, et ainsi de suite.

Quand je dĂ©guste leurs cuvĂ©es, notamment “à l’aveugle”, j’hĂ©site Ă  chaque fois de faire passer un bon nombre de ces propriĂ©taires au sommet (ils ont un *), notamment ceux qui sont dans le peloton de tĂȘte de cette hiĂ©rarchie, Ă©levant des cuvĂ©es les unes plus sĂ©duisantes que les autres, garantes d’une typicitĂ© et d’une rĂ©gularitĂ© qualitative exemplaires Ă  des prix remarquables (Paul Bara, Gonet-Sulcova, Charles Mignon, Bonville, Delaunois, De Lozey, Lombard, Prin, Gaston Chiquet, Rutat...), un bon nombre exploitant des terroirs situĂ©s en Grands (et Premiers) Crus, ceci prouvant que, ici comme ailleurs, la force du terroir est primordiale, avec l’art de l’assemblage, les stocks et l’élevage.

À leurs cĂŽtĂ©s, trĂšs proches qualitativement (voire meilleurs selon les cuvĂ©es), ceux qui bĂ©nĂ©ficient Ă©galement de rapports qualitĂ©-prix-typicitĂ© exceptionnels, et peuvent prĂ©tendre aux plus hautes places (Pierre Arnould, Hamm, Bonnaire, Mandois, Ralle, Gimonnet, Pierre Mignon, Leclerc-Briant, Jacques Busin, Legras et Haas, Bourgeois, Laurent-Gabriel, Fleury, Vergnon, Michel Lenique, Daniel Caillez, PrĂ©voteau-Perrier ...).

Quelques coopĂ©ratives travaillent remarquablement (Vincent d’AstrĂ©e, De Castelnau, Marquis de Pommereuil, Beaumont des CrayĂšres, ClĂ©rambault...) et peuvent ĂȘtre fiĂšres de signer de telles cuvĂ©es. Elles font frissonner, Ă  juste raison, des marques beaucoup plus connues qui ne sont qu’une façade sur l’étiquette ou des vignerons imbus d’eux-mĂȘmes, multipliant des cuvĂ©es sophistiquĂ©es navrantes...

À la suite, une bonne centaine de maisons, caves et vignerons, fer de lance de l’exceptionnelle rĂ©volution qualitative qu’a connue la Champagne depuis 30 ans, chacun avec sa spĂ©cificitĂ©, chacun pouvant mĂ©riter mieux...

Les TroisiÚmes Grands Vins Classés
La plupart devraient monter dans la catĂ©gorie supĂ©rieure, et sont en position “d’attente”, car leurs cuvĂ©es n’ont pas encore pu ĂȘtre suivies sur plusieurs annĂ©es. Le rapport qualitĂ©-prix est trĂšs abordable, avec des bouteilles qui se font parfois un malin plaisir de dĂ©trĂŽner des marques plus connues dans les dĂ©gustations.

Patrick Dussert-Gerber
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La vérité est dans la bouteille ..( Lao Tseu )
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Jean-Pierre NIEUDAN
 
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