Ce samedi, après trois heures de spéléo chez le caviste où je loue ma cave, je croise un ami qui vient d'ouvrir une bouteille pour les employés présents et un amateur qui loue une cave comme nous : "Tiens, Phil, tu tombes bien, c'est un vin que tu connais bien, le vigneron aussi".
A la joie de croiser l'un des meilleurs passionnés et des plus pointus que je connaisse, s'ajoute le plaisir de partager le vin offert, je plonge alors mon nez dans le verre.
Humm... ça devrait être facile, je devrais partir sur chenin et Vouvray, en théorie. Mais on ne vit pas en théorie et le nez m'évoque la minéralité et les fleurs. Très jolies notes de tilleul notamment.
La robe est d'un jaune doré à peine marqué par l'âge. Je goûte : jolie entrée, acidulée, un peu de sucre arrondit la structure, ça se goûte comme un demi-sec léger, mais l'amertume est très belle et fait beaucoup saliver.
Très bon vin, jolie longueur, au nez charmeur et floral, le vin est encore bien vivant et promet encore de bien vieillir en cave.
Pffff... mais qu'est-ce que ça peut être ?
Les deux autres dégustateurs disent qu'eux aussi se sont trompés. Mais moi je ne devrais pas. Mon cerveau a dû être congelé dans la cave...
J'évoque un riesling mais sans conviction. Je sais que je me plante, mais la première impression est parfois la bonne.
Ça y est ... arf, ça me dit quelque chose. Oui, un vin d'Angéli genre Fourchardes par les sucres qui traînent un peu et l'amertume traçante et la complexité.
Là , il se marre, je suis perdu et vraiment suis rouillé !
Ben alors lĂ , non, pas Vouvray, pas un des Foreau/Julien Vedel.Pinon/Huet/Autran/CarĂŞme... qui me viennent Ă l'esprit. "Tu vas tous les faire, Phil ??? mais tu le connais bien pourtant..."
Oui, je vais tous les faire à ce compte, mais j'oublie pourtant le vigneron qui m'a reçu si gentiment et patiemment il y a presque vingt ans après une rodomontade sur feu MV. Journée inoubliable.
C'te honte les amis !
Au final, le vin est un vecteur de partage incomparable et d'apprentissage de la modestie que j'apprécie particulièrement (c'est mon côté maso).
Et moi, je dois revoir mes gammes, car j'en ai bu plus d'une bouteille de ce
Montlouis sur Loire (demi sec) Clos Habert 2007 du domaine François Chidaine, délicieux. Je n'en ai malheureusement plus.
Et d'évidence, il est urgent que j'encave de nouveau des vins de François et Manuela Chidaine, car on avait raison de s'intéresser à Montlouis il y a plus de vingt ans, alors que peu de monde s'y intéressait à l'époque.
Bravo et merci encore à la fois à la générosité du passionné et à François Chidaine pour ce vin qui a du génie et du potentiel pour encore mûrir en cave.