Pas de rubrique pour ce vigneron qui était d'une discrétion exemplaire, courageux, taiseux, mais si gentil et généreux. Et talentueux.
Que de beaux moments passés lors de mes visites régulières chez lui dans les années 2000, je n'y suis plus retourné depuis plus de dix ans, à regret, désormais je ne pourrai plus le faire.
Apprendre son décès fut un grand choc et j'ai attendu un peu avant d'ouvrir une bouteille que je conservais chez moi, attendant l'occasion de l'anniversaire de mon second, né en 2010, mais j'en ai d'autres, alors ouvrons à la mémoire de ce grand Monsieur de Vouvray, un Vouvray Silex Noir 2010 :
Bouchon de taille moyenne, marqué sur le miroir, mais sans impact sur le vin.
Robe jaune clair, brillante, encore des reflets verts, le vin paraît jeune.
Dès l'ouverture, le nez embaume la bergamote, les agrumes, le coing, les fleurs blanches, le "minéral". Ce nez conservera plusieurs jours ce triptyque floral-fruité-minéral que j'apprécie beaucoup sur les chenins vouvrillons.
La bouche est à l'ouverture assez stricte, portée par une jolie acidité, mais assouplie par quelques sucres résiduels, peu mais suffisamment pour apporter de la gourmandise au vin. Trame sur le citron, la bergamote. L'aération lui apporte beaucoup et la gourmandise du vin, sa longueur sur la bergamote le rendent irrésistible ! Le second jour, le vin se referme étonnamment un peu. Mais le surlendemain et les jours suivants, ce Silex Noir 2010 a trouvé un point d'équilibre superbe, qui ne le quittera plus les trois jours suivant : tout n'est qu'harmonie sur le triptyque précité, le vin est gourmand et équilibré par l'acidité mûre qui porte ce vin vers mon plaisir, le soir après la journée de travail. Le vin était parfait en l'état et je ne le quitte qu'avec le plus grand des regrets comme celui de ne plus jamais avoir l'occasion de rencontrer et de deviser avec son géniteur, François Pinon.
Chapeau bas. Ce vin devrait encore tenir quelques longues paires d'années.
In memoriam