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Disparition de Serge Hochar, militant indéfectible des vins

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Sam 3 Jan 2015 07:14

« Une personnalité hors du commun »... « Un maître pour les vins du Liban »... Les hommages se multiplient pour rappeler combien Serge Hochar, décédé le 31 décembre d'un accident en mer, a marqué le monde du vin.

Serge Hochar, PDG de Château Musar, président de l'Institut de la vigne et du vin et ancien patron de l'Union vinicole du Liban (UVL), est décédé le 31 décembre, à 74 ans, dans un accident en mer alors qu'il était en vacances avec sa famille à Acapulco, au Mexique.
Pour les vins du Liban, cette perte est immense. Car ce n'est pas seulement un producteur de vin que la profession perd aujourd'hui. Le nom de Serge Hochar est aussi indéfectiblement lié à un combat. Celui auquel cet homme a consacré sa vie : la renaissance du vignoble libanais et sa reconnaissance sur la scène internationale. « Serge Hochar est l'homme qui a lancé les vins du Liban dans le monde. Pour moi, c'était un maître », assure Zafer Chaoui, actuel président de l'UVL et PDG de Château Ksara.

Le critique David Cobbold, qui a listé Château Musar dans son livre Les plus grands crus du monde (1998), était devenu un ami de Serge Hochar. Il se souvient notamment d'une tournée avec lui au Japon et d'un moment, qui, pour cet expert, incarne sa personnalité : nous présentions une dégustation de vieux millésimes de Château Musar à des sommeliers japonais. Il faut savoir que les Japonais sont un public de fins connaisseurs, mais l'inattendu les déstabilise. Or, Serge Hochar a démarré en surprenant tout le monde : « De quoi voulez-vous que je vous parle ? » a-t-il dit à un parterre décontenancé. « Je peux vous parler de philosophie, d'amour, de femmes, de ma perception de la culture japonaise... Mais je ne vous parlerai pas de vin. Le vin n'a pas besoin de moi. Il parle de lui-même », se souvient David Cobbold. « Serge Hochar ne se présentait pas comme un producteur. Il ne vendait pas ses produits. Ce qu'on percevait de lui, c'était une personnalité faite de persévérance et d'écoute. Un homme exemplaire, rare, qui a autant fait pour Château Musar que, d'une manière générale, pour les vins du Liban. »

Fondé en 1930, par le père de Serge Hochar, Château Musar va vite devenir l'une des plus belles success stories du Liban au tournant des années 1980. Ce succès, Musar le doit à son PDG, Serge Hochar, qui a repris les rênes de cette cave, située à Ghazir, à la fin des années 1950. L'une de ses grandes intuitions est d'avoir compris l'importance des exportations pour les vins du Liban. Quand la guerre de 1975 éclate, Musar vend 75 % de sa production localement. Vingt ans plus tard, c'est l'exact opposé : la part des exportations est passée de 5 à 75 % entre 1975 et 1995.
Cette reconnaissance internationale démarre au Royaume-Uni, où Serge Hochar devient même en 1984 « The Man of the Year » pour le magazine spécialisé Decanter. Serge Hochar s'enorgueillissait encore récemment d'avoir été invité à faire découvrir ses vins devant un parterre de 250 professionnels en Afrique du Sud. « Vous rendez-vous compte ? Qu'ils m'invitent, moi ? » nous avait-il dit par téléphone, encore étonné de cette invitation.
Cette réputation, Serge Hochar la devait à la qualité de ses vins, qui ne laissaient jamais indifférents. Il avait d'ailleurs coutume de l'affirmer haut et fort : « Je ne fais pas du vin ; je fais de l'art. » Une manière, pour lui, de revendiquer cette part de magie, presque d'alchimie, qui intervient lorsque l'homme transforme les raisins vendangés en vin.

Serge Hochar se moquait de la mode ou de la doxa. Il faisait d'abord confiance à son instinct. On reconnaissait ses vins à leur nez souvent particulier, entre l'aigre et le doux, le chaud et le froid, la force et la faiblesse. Des vins dont la grandeur était précisément de jouer sur cet équilibre ténu au nez comme en bouche. Certains des grands amateurs de ses vins n'hésitaient pas à dire qu'ils évoquaient les saveurs des grands finos de Xeres.

Sur le Web, le monde du vin est en deuil. Les hommages viennent de ses confrères libanais, parmi lesquels la jeune génération est en pointe. Château Qanafar (Békaa-Ouest) salue une « légende » qui s'en va. Les critiques internationaux, ceux-là mêmes que Serge Hochar avait convaincus de venir « faire un tour » dans ce drôle de vignoble libanais au fur et à mesure de leurs rencontres, lui accordent aussi un émouvant hommage. Comme Jancis Robinson ou Randall Grahm, pour qui « Serge Hochar était l'un de ces hommes » plus grands que la vie. « J'étais certain qu'il vivrait pour toujours. Son sourire le suggérait. »

Source : Muriel ROZELIER | OLJ 03/01/2015
http://www.lorientlejour.com/article/90 ... liban.html
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Jean-Pierre NIEUDAN
 
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