http://www.letemps.ch/Page/Uuid/3c15c74 ... Apocalypse
Un conseiller national et un œnologue suisses veulent réhabiliter le vignoble de Patmos, l’île où saint Jean aurait écrit le dernier livre du Nouveau Testament. La Cave de l’Apocalypse devrait contribuer à revitaliser l’économie locale
Patmos. Une île du Dodécannèse réputée pour sa grande beauté et son rayonnement religieux: selon la tradition, saint Jean y aurait écrit l’Apocalypse. Chaque année, des dizaines de milliers de pèlerins visitent la grotte où il aurait reçu son inspiration. Un monastère qui porte son nom domine l’île, située à dix heures de bateau du Pirée. Depuis plus de vingt ans, le conseiller national gréco-suisse Josef Zisyadis y passe ses vacances d’été. En arpentant ses terres arides et montagneuses, ce fin gourmet a appris qu’autrefois une importante activité viticole régnait sur l’île, dont il ne reste plus aujourd’hui qu’un vague souvenir. A savoir quelques parcelles destinées à la consommation privée. En effet, avec le développement du tourisme, la viticulture a été progressivement abandonnée à partir des années 60 au profit d’activités plus lucratives. Les anciens cépages cultivés – le muscat d’Alexandrie et le fokiano – ont laissé la place à des variétés continentales grecques, sans qu’émerge une ligne viticole claire. Au fil de ses pérégrinations, le politicien a commencé à nourrir un rêve: réhabiliter le vignoble de Patmos. Le projet est maintenant en route. Avec le conseil et l’aide de l’œnologue vaudois Gilles Wannaz, propriétaire du Domaine de la Tour de Chenaux au-dessus de Cully et ami du conseiller national.
«Ce projet s’inscrit dans le cadre du renouveau de la viticulture grecque», dit Josef Zisyadis. Il y a une quinzaine d’années, la Grèce s’est engagée dans un processus de modernisation des techniques de vinification. D’abord captivés par les cépages internationaux, de nombreux producteurs redécouvrent aujourd’hui avec passion les variétés autochtones (LT du 22.11.08). La qualité des vins grecs, en constante progression, suscite l’intérêt croissant des spécialistes et des amateurs en quête de nouveauté.
«Nous planterons les premiers ceps l’année prochaine», poursuit Josef Zysiadis. Deux cépages autochtones ont été retenus, sur les conseils d’un pépiniériste et ingénieur agronome grec actif dans la sélection des meilleurs clones: l’assyrtiko et le limniona. Le premier est le grand cépage blanc de la Grèce. Il se marie très bien avec le poisson. Le second est une variété rouge redécouverte récemment. «C’est un cépage magnifique, qui donne des vins structurés avec beaucoup de couleur», dit le conseiller national. Le domaine, appelé Cave de l’Apocalypse, devrait compter 3 hectares de terrain loué et produire deux vins, du moins dans un premier temps. Le vin d’assyrtiko représentera les deux tiers de la production totale, qui se montera à environ 20 000 bouteilles par année. Elles seront destinées essentiellement à la consommation locale. Patmos compte en effet quelques bonnes tables, dont une est réputée loin à la ronde. Et, comme la population de l’île – 3000 habitants à l’année – quadruple en été, l’écoulement de la production est assuré.