Index du forum ‹ Les rubriques ‹ Les vins étrangers ‹ Les vins d'ailleurs

[Jean-Pierre NIEUDAN]

Les vignerons bulgares, confrontés à la crise économique mondiale, redoublent d'efforts pour améliorer la qualité de leurs vins afin de tenter de pénétrer les marchés européens sans céder leurs positions sur le marché russe, leur principal partenaire traditionnel.

"Il faut produire moins en quantité et mettre l'accent sur la qualité. Il faut chercher à vendre des vins de gamme moyenne et haute", a appelé le ministre de l'Agriculture Valéri Tsvetanov lors d'une foire au vin cette semaine à Plovdiv (sud). L'an dernier la Bulgarie a produit 1,38 million d'hectolitres (138 millions de litres) de vin dont près des trois quarts (80%) ont été exportés. Le plus grand acheteur étranger reste la Russie qui absorbe près de 60% des exportations. Toutefois la distribution de vins de bas de gamme "risque de pousser le consommateur russe de vins bulgares vers d'autres fournisseurs", a déclaré le ministre. Sous le régime communiste avant la chute du Mur en 1989, la Bulgarie exportait 5 millions d'hectolitres par an vers le marché soviétique. Radoslav Radev, directeur exécutif de la société Vinimpex appartenant au groupe français Belvédère, s'est dit "inquiet de la dépendance presque totale des exportations bulgares d'un seul pays destinataire", la Russie. Selon lui, la crise financière en Russie et la concurrence renforcée dans le segment à prix bas a mené à une réduction de 30% des ventes de vins bulgares dans ce pays en 2008 par rapport à 2007.

"Une percée à l'Ouest"

M. Radev a toutefois relevé l'effet "assainissant" de cette baisse car la Bulgarie sera incitée à "produire moins de vin, mais d'une meilleure qualité et à de meilleurs prix". "Les marchés occidentaux dont le Royaume Uni, la Belgique, les Pays-Bas l'Allemagne et le Canada, absorbent moins de 15% des exportations de vins bulgares", confirme Margarit Todoroff, directeur exécutif de la cave Domaine Boyar. Il espère toutefois que la crise va inciter les consommateurs des pays développés à se tourner vers les vins d'Europe de l'Est moins chers. "La situation en Europe rappelle le début des années 1990. A cette époque, lors d'une récession qui n'était pas aussi grave qu'actuellement, la Bulgarie a effectué une percée à l'Ouest", notamment sur le marché britannique, a-t-il rappelé.

Trouver sa niche sur le marché européen

La Bulgarie a de bonnes chances à trouver sa niche sur le marché européen, notamment "avec des cépages autochtones comme le Mavroud (rouge) et le Dimiat (blanc)", selon le consultant français de vins de Bordeaux, Guy Labeyrie. Le consommateur européen est ouvert à des vins du monde entier à condition qu'ils soient de bonne qualité et se vendent entre 5 à 7 euros la bouteille, a-t-il assuré. La Bulgarie a traversé une longue crise dans les années 1990 après la dissolution des coopératives communistes. Les terrains agricoles étaient rendus à leurs anciens propriétaires qui manquaient d'expertise et de moyens pour les cultiver. Privatisées vers 1998, les caves ne peuvent pas encore garantir une qualité du vin constante, notent les experts. "Les producteurs doivent abandonner la démarche de quantité" caractéristique pour l'ère communiste où les caves étaient nommées "usines à vin", a recommandé M. Labeyrie. Rappelant que "le bon raisin fait du bon vin", il s'est chargé de la formation d'une trentaine de viticulteurs bulgares qui travaillent en France pour apperendre à cultiver la vigne. L'âge avancé des cépages posant un problème à la viticulture bulgare, une douzaine de pépiniéristes français vendent actuellement des jeunes pieds de vignes aux Bulgares pour améliorer la qualité de leur production.

Source : AFP