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Ces Valaisannes Ă  leur place dans le monde de la vigne

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Lun 22 DĂ©c 2008 16:47

Vigneronnes passionnément, ouvrage consacré à dix professionnelles du vin, est bien plus qu’un beau livre à offrir pour Noël. Il permet de s’imprégner de l’univers de ces femmes qui par leur talent, ont su trouver leur place dans un monde traditionnellement masculin.

Le livre de Josyane Chevalley raconte l’histoire d’un émerveillement. «J’ai rencontré Marie-Thérèse Chappaz chez elle il y a une dizaine d’années. Assises sur un mur chauffé par le soleil d’un été indien, nous regardions la vigne. Elle m’énumérait le nom des fleurs bordant le terrain. Moi, je regardais ses mains sillonnées de terre. On aurait dit des signes indiens. J’ai pensé à mettre ses paroles sur le papier. Je le lui ai dit, mais ça la gênait que je ne parle que d’elle.»

D’autres rencontres avec des vigneronnes valaisannes ont suivi. «Elles avaient tellement de qualités personnelles que j’ai voulu leur rendre hommage au travers d’un livre.» C’est ainsi que s’est concrétisé l’ouvrage Vigneronnes passionnément, richement illustré par les portraits de Stéphania Gross Willa. L’histoire de dix femmes, travailleuses, qui ont su faire leur place dans un monde longtemps resté exclusivement masculin. «Je n’ai pas fixé de critères de choix, explique l’auteure. Ces femmes ont en commun le talent et la magie, mais elles ne sont évidemment pas les seules.» Chacune a dû faire ses preuves. «Le métier de vigneron est très physique. Les hommes ne pouvaient pas imaginer que les femmes accompliraient autre chose que des tâches annexes. Et pourtant, ces vigneronnes n’ont pas un rapport de force avec eux. Elles ne sont pas entrées dans ce métier en s’opposant, mais en démontrant simplement ce qu’elles savent faire.»

Parler de femmes et de vins, n’est-ce pas un effet de mode? «Si c’est le cas tant mieux, répond Josyane Chevalley. Je n’ai pas fait ce livre dans le but d’écrire sur les femmes. Mais parce que j’ai été impressionnée par tant de courage, de travail et de passion.»

Josyane Chevalley, Vigneronnes passionnément, (photos: Stéphania Gross Willa), Editions Monographic, Sierre, 2008.
Au sommaire : Fabienne Cottagnoud, Marie-Thérèse Chappaz, Madeleine Gay, Madeleine Fuchs Mabillard, Marie-Bernard Gillioz, Fabienne Constantin Comby, Corinne Clavien, Romaine Blaser Michellod, Erna Burgener et feu Marie des Oiseaux.

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Jean-Pierre NIEUDAN
 
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Re: Ces Valaisannes Ă  leur place dans le monde de la vigne

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Lun 5 Jan 2009 10:48

Un autre article sur ce livre :

2008 fut un bon millésime pour les femmes qui travaillent dans le monde du vin. En novembre, Madeleine Gay, œnologue chez Provins, se voyait décerner le titre de «vigneronne de l'année» par le Grand Prix du Vin Suisse. Au même moment sortait un livre* présentant neuf portraits de vigneronnes valaisannes écrit par Josyane Chevalley et illustré par les photos de Stéphania Gross Willa. Cet ouvrage est l'occasion d'approcher quelques grands noms du vin suisse. Madeleine Gay, bien sûr, mais aussi Marie-Thérèse Chappaz, Fabienne Cottagnoud, Madeleine Fuchs, Marie-Bernard Gillioz, et d'autres encore, moins connues, comme Fabienne Constantin Comby, Corinne Clavien, Romaine Blaser Michellod et Erna Burgener.

Comment sont-elles devenues vigneronnes? Quels obstacles ont-elles rencontrés? Quel accueil leur ont réservé les hommes? Ce sont quelques questions auxquelles répond ce livre. Malheureusement, et c'est paradoxal, il y est peu question de vin. L'auteure justifie ce choix en disant, dans son introduction, que «des personnes bien plus avisées que moi le font et le font bien». Une explication un peu courte, surtout lorsque l'on sait à quel point les liens qui unissent un(e) vigneron (ne) à son vin sont forts. Les portraits sont intimistes, impressionnistes. Mais le parti pris de Josyane Chevalley les prive de structure et de profondeur, de sorte que le lecteur reste sur sa faim.

Toutefois, ce livre pose en filigrane une question essentielle, relevée par l'ethnologue Isabelle Raboud-Schüle qui signe la préface: Pourquoi les vigneronnes sont-elles si peu nombreuses? Ce ne sont pas les enfants, plusieurs d'entre elles en ont et concilient travaux à la vigne et éducation de leur progéniture. C'est peut-être le poids des traditions: La plupart de ces vigneronnes y ont été confrontées. «Ce n'est pas un métier pour une femme», dit Jean Crettenand, ex-œnologue fédéral, à sa nièce Corinne Clavien, actuelle œnologue cantonale du Valais, lorsqu'elle lui annonce qu'elle veut étudier à Changins. Pourtant, en vingt ans, depuis qu'elles ont commencé à fréquenter Changins, les femmes ont prouvé qu'elles savent faire du vin. Vingt ans, ce n'est peut-être pas suffisant pour éliminer les vieux stéréotypes? Après tout, il n'est pas si loin le temps où les femmes étaient indésirables à la cave, car les hommes craignaient que leurs règles ne troublent les fermentations. Ils pensaient également qu'elles ne savaient pas tailler.

Et puis, il est possible que les femmes elles-mêmes aient intériorisé le cliché selon lequel le vin, c'est un métier d'homme. Il faut donc considérer ces neuf Valaisannes comme des pionnières, qui viennent d'ouvrir le passage pour les générations futures. Comme le constate Isabelle Raboud-Schüle, «les vigneronnes sont héroïques parce qu'elles ont dû parcourir de nouvelles voies, seules en tête et sans modèle».

Prenons Marie-Thérèse Chappaz. Le choix de se lancer dans la biodynamie il y a six ans lui a valu pas mal de sarcasmes. «Tu sais, confie-t-elle à l'auteure, certaines personnes racontaient que je faisais le thème astrologique de chaque grappe!»

Elles ont en commun le goût de l'indépendance et le refus d'un destin qui serait déterminé par le rôle traditionnellement dévolu à leur sexe. Elles ne se considèrent pas comme des militantes. Tendues vers leur but, elles ont beaucoup travaillé, appris à contourner les obstacles et à se faire un nom. Les hommes ont parfois été leurs meilleurs alliés. Un jour, lors du salon des vins Vinea, Madeleine Fuchs Mabillard fait la connaissance de Roland Pierroz, alors chef du Rosalp à Verbier. Il aime son Humagne blanc. Il lui en commande. Encore et encore. «Cela m'a tellement encouragée, cela nous a tellement aidés. Il est au départ de notre succès», dit-elle dans le livre. En 1992, Jean-Marc Amez-Droz prend la direction de Provins. Il fait confiance à Madeleine Gay, qui a entrepris de revaloriser les cépages valaisans depuis ses débuts dans la coopérative.

Ce livre permet aussi de faire la connaissance de vigneronnes moins médiatisées, comme Fabienne Constantin Comby, de Chamoson, Romaine Blaser Michellod, de Leytron, et Erna Burgener, de St. German dans le Haut-Valais. Il se termine par un hommage à Marie des Oiseaux (1911-1988), qui animait le domaine de Diolly du Docteur Wuilloud. Charismatique, elle recevait les hôtes et mettait de l'ambiance dans la cave. Une femme de caractère. Les vigneronnes d'aujourd'hui saluent sa mémoire.

* Vigneronnes passionnément, éditions Monographic, 154p., en librairie. Le livre peut aussi être commandé avec un coffret de huit vins sélectionnés par les vigneronnes auprès du Village Suisse du Livre à Chamoson, prix: 300 francs. Rens. 027/306 61 13

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