Merci de ces premiers retours qui s'alignent parfaitement sur mes propres sensations..
Comme le souligne Greg, j'ai aussi ressenti cette impression quasi sectaire d'une mouvance de convertis. C'est assez troublant dans un tel contexte, je dois dire..
Présence sur le salon de quelques références (suisses) par alleurs indiscutables telles que le Domaine de la Colombe, Henri Cruchon, ou des valaisans Marie-Thérèse Chappaz, Magliocco ou Abbet. Bien que tous ces vignerons soient indiscutablement en maitrise totale de leur sujet et ce depuis fort longtemps, ils se sont lancés - par effet de mode? par envie ou conviction? - avec quelques références de leur catalogue sur ce crénau (essentiellement avec des cuvées de chasselas, pinot gris ou gewurz.). Seul Abbet est parti sur de la Syrah nature. Je note cependant que leurs stands sont parmi les moins fréquentés du salon..!
Chez ces producteurs "classiques", beaucoup de leurs vins blancs présentent certes des arômes fruités et floraux. Je suis par contre (beaucoup) moins convaincu de leurs structures en bouche, soit à cause d'une acidité trop marquée ou par des résidus de notes fermentaires. Chez Abbet, je reconnais volontiers que sa syrah 2019 est superbe, à dominante de fruits noirs, de poivre avec une bouche portée par des tannins croquants. Curieusement, la même cuvée Syrah 2021 présente un nez de réduction avec des notes animales ainsi qu'une texture difficile à cerner.. du moins à ce stade.
Pris d'assaut par une foule compacte de passionnés, le stand de Allante & Boulanger avec la présence de Mathieu Allante, représente visiblement le "clou" du salon. Leur domaine compte environ 3 hectares de cépages jurassiens: Savagnin, Chardonnay, Petit Béclan, Poulsard, Gamay et Pinot. J'arrive péniblement à me frayer un chemin pour goûter trois de leurs vins (j'ai renoncé à en goûter davantage dans cette cohue). La cuvée en Petit Béclan (blanc) est plutôt sympa, nez d'agrumes et de bonbon anglais, mais relativement peu persistant. Le chardonnay est totalement atypique - je mets au défi quiconque à l'aveugle de trouver le cépage, sec comme une trique, pas de gras, une minéralité presque assèchante.. c'est très déroutant pour moi. Par contre son poulsard est véritablement excellent, profond, expressif avec une touche de rusticité propre à ce cépage rouge jurassien.
En rentrant, je fais encore quelques recherches sur Internet et les bras m'en tombent lorsque je vois que ces "sympathiques" cuvées de Allante & Boulanger sont vendues (par certains cavistes spécialisés) entre 100 et.. 300€ !!! Une petite idée sur iDealwine -
https://www.idealwine.com/fr/domaine/81 ... langer.jspJ'ai également visité quelques autres stands (que je mentionnerai pas ici.. par charité). Chez certains, on oscille entre le juste supportable et l'immonde (selon mes critères..). Certains vins présentent des arômes dominants de solvant, de bret ou d'alumette frottée, voire de litière de chat.. Lorsque j'évoque ces odeurs (déviantes à mes yeux) aux producteurs, ils me répondent invariablement que ça vient du terroir.. ou du cépage. Je peine à être totalement convaincu..
La plupart des vins goûtés présentent des nez dominés par l'acide acétique, problème qui arrive généralement lorsque la fermentation malolactique débute pendant la fermentation alcoolique... Beaucoup sont fortement levurés, sans parler de ceux dont la fermentation est repartie en bouteille. Je rapporte encore le propos d'un producteur me servant un verre de Gamay dont
"le pétillant met superbement en valeur les caractéristiques du millésime 2021.."!
Quant aux vins macérés qui prennent parfois une couleur orangée, certains sont assez sympa avec une belle vivacité du fruit en bouche. D'autres sont indéfinissables, grand mélange de genres dont je peine à dresser un quelconque profil. En passant, un producteur m'explique sa recette: "
.. pressurage de pinot noir, puis en cuve, ajout de grappes entières de pinot gris pour une macération de 3 semaines avant de presser le tout. Dès la fermentation alcoolique terminée, mise en bouteille" et vogue le navire! Chez un autre producteur où je m'étonnais de l'acidité clairement excessive dans le verre, il me répond que c'est parcequ'il élève son sauvignon en gardant les lies (déchets issus de la fermentation) pendant plusieurs mois en cuve, sans soutirage.
Bref.. tout ça me fait joyeusement penser à un mélange entre le petit chimiste et l'apprenti-sorcier. Mais il y a clairement un public pour ça!