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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Des militants de Greenpeace aux thésards de la faculté d’œnologie de Bordeaux, ce sont des dizaines de chercheurs qui étudient un peu partout les conséquences des changements climatiques sur la vigne. Et donc sur la nature des vins, principalement des vins français.

Le plus visible est la précocité de la floraison et de la maturité des raisins, due au réchauffement. Elle s’accompagne d’une élévation déjà sensible des degrés alcoolique, engendrée par une augmentation des sucres dans les baies.

Autre conséquence, l’aggravation des tempêtes, des orages de grêle dévastateurs et du gel de printemps. Enfin, la canicule peut être responsable de l’arrivée de nouvelles maladies sur la vigne, risque important quand on sait que les traitements chimiques, notamment préventifs, sont de plus en plus rejetés par les vignerons, comme par les consommateurs.

Selon certaines études, les deux vignobles français les plus touchés par ces changements climatiques seraient ceux du Midi et de la Bourgogne.

Que faire? D’abord prévoir une avancée du calendrier viticole, notamment des dates de vendanges. Ensuite adapter l’encépagement à la chaleur et à une insolation supérieure. Des cépages comme le petit verdot (qui connait un regain d’intérêt dans le Bordelais), le malbec, le tannat, la carmenère, et bien entendu les cabernets, vont certainement trouver de nouveaux clients. Mais à la condition d’être associés avec un terroir et un porte-greffe adaptés; idem pour le clone choisi. Dans le même temps, le merlot si prisé partout (et parfois à tort) devra être remplacé là où il donne des vins trop alcoolisés, mous et sans finesse.

Car le but est aussi de protéger la typicité des vins. Les grands crus français sont réputés pour donner des vins fins, digestes, élégants. Et non pas lourds, épais, grossiers, si chargés d’alcool, que de nombreux amateurs commencent à les rejeter.

Ce sont des changements à la fois culturels et culturaux qui devront être opérés à la propriété, pour continuer à coller à un marché déjà fort concurrentiels, où de nouveaux vignobles vont nécessairement apparaitre.

Mais il y va aussi d’une prise en compte économique. La filière vigne pèse 180.000 emplois en France, et ramène 8 milliards d’euros de ses exportations chaque année. Cela aussi est à méditer

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