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La vigne vue par ceux qui la suivent de près.

Le Louvre de la vigne : le domaine de Vassal

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Dim 10 Nov 2013 10:04

Un étroit banc de sable au bord de la Méditerranée accueille une collection unique au monde : 4500 variétés de vigne à l’abri du phylloxéra. Un trésor sur lequel veille l’INRA et dans lequel se cache peut-être le vin de demain

Les vignerons ont leur musée du Louvre. C’est en tout cas ainsi qu’ils surnomment le domaine de Vassal à Marseillan (Hérault). 27 hectares gérés par l’INRA (Institut national de recherche agronomique) sur une étroite bande de sable entre l’étang de Thau et la Méditerranée. « Ce n’est pas un musée corrige son directeur Blaise Genna, le domaine est bien vivant ». Vivant et riche de 4500 variétés de vignes différentes.

Une collection que le monde entier nous envie et qui a été créée en 1876 par l’École Agronomique de Montpellier. Cette année-là, le phylloxéra venu d’Amérique fait des ravages dans le vignoble européen. L’École de Montpellier se retrousse les manches pour trouver une parade et préserver sa collection de vignes des attaques du redoutable puceron. En 1949, eurêka ! Le meilleur bouclier contre le phylloxéra, c’est le sable. « Les sables du littoral ne contiennent pas d’argile, le phylloxéra n’y survit pas », explique Blaise Genna « pas plus d’ailleurs que beaucoup d’autres virus ».

Une arme contre la mondialisation

Chaque année le domaine de Vassal reçoit 80 variétés nouvelles ce qui en fait aujourd’hui un véritable vivier. Les boutures peuvent être apportées par des vignerons curieux de connaitre l’origine de variétés atypiques de leur domaine ou par des scientifiques. Mais aussi par des pays étrangers assurés que Vassal veillera sur leur patrimoine national.

Dans les années 80, la mondialisation déferle sur les vignes : « À l’époque un bon vin est un vin qui se vend » se souvient le directeur du domaine. Le chardonnay pour le blanc et le cabernet-sauvignon pour le rouge sont à la mode, ils inondent la terre entière. Jusqu’à ce que le marché arrive à saturation et que le soufflé ne retombe : « C’est là que les pépiniéristes sont venus nous voir pour trouver d’autres cépages et ainsi se démarquer de la tendance générale ».

Des vins « de petits degrés »

Bon an mal an, le domaine réalise 4 à 500 expéditions dont un bon quart à l’étranger. Sur tous les continents, le domaine de Vassal est une référence. Qu’il s’agisse des contrées venues tôt à l’exploitation de la vigne comme les États-Unis, la Nouvelle-Zélande ou l’Australie ou plus récemment des pays émergents à l’image de la Chine ou de l’Inde.

Le trésor de Vassal recèle quelques pépites, des variétés rares de pinot ou merlot qui ont échappé miraculeusement à la disparition. Des vignerons ont d’ailleurs leurs habitudes à Vassal pour débusquer des produits de niche. Persuadés que c’est là que se cache le vin dont tout le monde parlera demain. Ils gardent en mémoire l’exemple du viognier ce vin oublié qui fait aujourd’hui le tour de la planète.

Le domaine entretient des relations étroites avec les instituts de recherches d’une cinquantaine de pays. Pour remplir la première de ses missions qui est la conservation. Mais aussi et surtout pour caractériser et étudier les variétés.

Et ce n’est pas une mince affaire : 150 critères permettent cette étude qui s’étale sur plusieurs années « pour éviter l’effet millésime », précise Blaise Genna. À Vassal les vendanges tiennent du travail en laboratoire : « On ne se soucie pas de savoir si un vin est bon ou pas, on le caractérise c’est tout ».

Actuellement le domaine mène plusieurs projets de front. D’abord créer des variétés de vigne résistantes ou au moins tolérantes aux agressions extérieures. Ensuite, Vassal fait des recherches de variétés à petits degrés. La lutte contre les effets de l’alcool est passée par là… « On découvre des choses que l’on ne soupçonnait pas, explique Blaise Genna. Par exemple le cépage Aramon qui donnait un de ces vins qualifiés autrefois de piquette par un ministre ne fait que 9 degrés, il est en plein dans notre cible ». Enfin Vassal participe à la création d’une véritable filière du jus de raisin qui fait défaut en France.

Dans les vignes du domaine, chaque variété compte cinq plants de vigne sagement alignés. Si d’aventure il n’en reste qu’un seul, une bouture est aussitôt mise à l’abri sous serre : « On l’appelle l’hôpital », sourit le directeur.

par Georges BOURQUARD
http://www.ledauphine.com/actualite/201 ... e-la-vigne
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Jean-Pierre NIEUDAN
 
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