C'était un pari un peu fou qu'avait lancé Cyril Camus en 2003... Le PDG de la cinquième maison de négoce s'engageait dans une drôle de croisade : réhabiliter l'eau-de-vie des Bois ordinaires, sixième et dernier cru du cognac longtemps considéré comme médiocre.
Au diktat des vieilles habitudes locales, la maison Camus répond par les forces gustatives du cognac produit sur la façade atlantique. Les « nez » de la maison y découvrent des parfums marins et robustes qui doivent séduire les amateurs de whisky et de scotch.
Camus choisit de s'approvisionner auprès de la cave coopérative du Bois-Plage, sur l'Île de Ré... « Île de Ré », tout le monde connaît, même à l'étranger ! La maison ne tergiverse pas et s'approprie l'île dans sa communication.
Le premier très bien reçu
En 2004, naît le « XO Île de Ré by Camus » vendu 115 dollars dans les duty free et très bien reçu par les consommateurs asiatiques. En 2006, arrive « Île de Ré Fine Island Cognac », vendu 40 euros (prix tout public) et se positionnant comme concurrent des scotchs Islay.
2009 signe la naissance d'une troisième référence, le « Camus Île de Ré Fine Island Cognac double matured », vendu entre 40 et 50 ?.
Coralie Aligrin, récemment recrutée par Camus, a la charge du lancement de ce nouveau produit qui, lui aussi, veut aller titiller les papilles des amateurs de single malt et de whisky sans pour autant trahir les amateurs de cognac.
Mais pourquoi « double matured » ? « C'est un cognac 100 % île de Ré qui a connu deux périodes de vieillissement. L'eau-de-vie vieillit une première fois dans des chais sur l'île de Ré et une deuxième fois à Cognac dans des fûts roux de cinq ou six ans, qui ont cédé leurs tanins. Le fût est brûlé à nouveau ce qui donne un côté smoké. » En français « fumé ».
Le reste des préparatifs et du vieillissement est tenu secret.
Le cognac final équivaut à un bon VSOP. Le nouveau produit est lancé en France et en Asie. Comme les autres maisons de négoce, Camus tient à se frayer un chemin dans les cognacs très haut de gamme.
La société a propulsé sa « Cuvée 3.128 » en octobre à Cannes et en décembre à Pékin. Ce cognac d'exception est composé de trois lots d'eaux-de-vie du même vignoble qui ont minimum 41, 43 et 44 ans (additionnés, cela donne 128).
Exactement 3 068 bouteilles vont être commercialisées dans le monde. Vendue 2 500 dollars, elles ont déjà trouvé des amateurs à Hong Kong, en Chine, à l'aéroport de Dubaï, à Beyrouth, etc.
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