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[Jean-Pierre NIEUDAN]

Pour participer à la protection et à la restauration des "feixes" (murettes) et "casots" (abris) du vignoble pittoresque de Banyuls et Collioure, des vignerons se sont associés pour proposer 13 500 bouteilles d'un vin caractéristique et solidaire.

Tout le monde est d'accord sur ce point : il faut protéger et entretenir les murettes menacées d'érosion et les casots si caractéristiques du vignoble de la Côte Vermeille.
Même les politiques sont unanimes affirmant que "ces joyaux de la nature devraient être inscrits, pour une préservation maximale, au patrimoine mondial de l'Unesco". Des dossiers sont actuellement en cours, mais les démarches administratives sont si longues qu'elles n'arrêtent ni l'érosion, ni la destruction.
Alors Lionel Lavail, directeur de la Maison Cazes, très attaché à son patrimoine a osé lancer un pari fou : celui de rapprocher les vignerons de ce terroir, les fédérer en association avec pour objectif de contribuer à la sauvegarde de cet espace emblématique, dont les couleurs et l'ambiance ont été immortalisées par les peintres du fauvisme, tels Matisse ou Derain. Ainsi, le 1 er mars dernier naissait l'association, loi 1901, Notre-Dame des Anges, terroir et patrimoine. Une belle performance accueillie avec enthousiasme qui a réuni les domaines Piétri, Vial Magnères, Madeloc, Coume del mas pour les particuliers et la cave coopérative le cellier des Dominicains.
Terroir vivant Les explications de Lionel Lavail : "Le but de cette association, consiste à restaurer les feixes et casots. A ce jour, on compte près de 6 000 km de murettes de pierres qui descendent en terrasses de 800 m d'altitude jusqu'au niveau de la mer. C'est unique ! Les casots, on en recense 1 200 sur les quatre communes de la zone d'appellation (Cerbère, Banyuls, Port-Vendres et Collioure), mais il y en a sûrement plus. Ces maisonnettes de vignerons qui servent d'abris aux hommes et aux outils appartiennent à l'identité de ce terroir. On ne peut pas accepter la disparition de ce vignoble qui date des Templiers".
Cuvée de caractère Chaque engagé, séduit par ce projet a ainsi vinifié un Collioure, selon un cahier des charges établi par la Maison Cazes. Ce sont également les spécialistes de cette société qui ont effectué le travail en cave, l'assemblage, l'élevage dans les chais et la commercialisation de ce Collioure Notre-Dame des Anges, tiré à 13 500 bouteilles. Et Lionel Lavail de conclure : "L'intégralité des recettes résultant de cette vente servira à remettre en état les terrasses et à repeindre les casots aux couleurs fauves !". Bénie soit donc, puisqu'elle porte le nom de l'église de la cité des peintres (et non du clocher), cette belle initiative.

V.P.
http://www.lindependant.com/articles/20 ... 100949.php