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[Didier]

Question toute simple, toute bête:
- Le prix payé pour une bouteille conditionne-t-il votre plaisir?
Ou plus simplement: Le fait de payer cher un vin, vous apporte-t-il plus de plaisir en dégustation?
Question simple mais réponse plus complexe qu'il n'y paraît! Enfin je crois.

[Alcoolix]

Perso, une bouteille chère m´apporte généralement moins de plaisir car j´en attend probablement trop alors que les bonnes surprises sur des vins entre 8 et 20 euros sont nombreuses, sans que cela fasse mal au porte-monnaie, mais je suis "près de me sous" comme dit ma femme

[Frédéric B.]

Je suis comme Luc.
Plus j'ai payé, plus j'en attends, je crois donc prendre moins de plaisir, que le vin soit grand ou décevant, même si ce n'est pas si évident en y repensant, car pour le Windsbuhl 2001, par exemple, j'en attendais beaucoup et j'ai adoré...
Ou alors le plaisir est indépendant du prix, ce qui pourrait être vrai.
Il faudrait peut-être du coup séparer plaisir et surprise.
Mais je crois surtout que beaucoup d'autres paramètres interviennent.
Quand j'ai goûté l'Oiselet de Y. Pelletier, j'ai été enthousiasmé, et quelques paramètres ont sûrement joué en la faveur de cet enthousiasme:
- Je ne connaissais pas ce vin
- Je n'en attendais rien
- Je l'ai commandé au verre dans un restaurant, ce qui généralement n'est pas forcément un gage de qualité, avec en plus le risque de la bouteille ouverte depuis une semaine...

[Sébastien M]

Moi aussi, je dirais un peu comme Luc et Fred! J'ai le maximum de plaisir avec un vin auquel je trouve de grandes qualités et que je paye un prix bas. C'est vrai qu'on attend souvent trop des grans vins, on est donc parfois déçu, toutefois mes meilleurs souvenirs de dégustations je les ai vécus avec Yquem, surement en partie parceque c'était justement Yquem mais en très grande partie parceque c'était magnifique à chaque fois, et c'est pas le cas pour tous les autres grands vins que j'ai eu l'occasion de boire dans ma courte vie d'amateur.

[Alcoolix]

Yquem est un bon exemple.

Je n´ai jamais goûté Yquem, pas que je ne puisse pas, plutôt qu´une fois encore, j´ai peur d´être déçu. Je me demande si j´éprouverais 4 ou 5 fois plus de plaisir qu´avec De Fargues, Rieussec ou encore Guiraud...

Donc je ne le gôute pas (bien que j´ai encavé 2006 pour ma petite fille)

[Jean-Pierre NIEUDAN]

Didier ,
Il y a le conscient et l'inconscient qui jouent pour répondre à ta question .
Nous savons tous qu'une bouteille peu chère peut apporter du bonheur , nous savons aussi qu'un "grand" peut décevoir par rapport à ce qu'on en attendait mais l'avantage du grand c'est qu'il fait rêver quand on l'achète , quand on le range , l'attend , le regarde à sa place dans la cave , quand on va le chercher , qu'on l'ouvre ...
Ouvrir une belle bouteille c'est déjà du plaisir , en découvrir une est une belle surprise et la partager c'est magique ...

Pour répondre précisément à ta question : on attend forcément plus d'une bouteille chère donc la déception peut être plus grande
maintenant quand le vin est bon ... qu'importe l'étiquette ..

jpierre

[franck.v]

Je suis dans la droite ligne de JP, Fred, Luc et Sébastien.
Certaines étiquettes chères font rêver et cela participe de leur prix. Il n'en va peut-être pas de même du dégustateur qui aura bu de nombreuses bouteilles rares et chères, et qui, de ce fait, aura "vulgarisé" son palais, ses sens et son inconscient : mais à ce stade, jouent portefeuille et "réseau"...et c'est un autre débat.
Par ailleurs, les prix des "top wine" ayant atteint des sommets aujourd'hui, la question se pose-t-elle encore : chacun sait qu'à de rarissimes exceptions, les 2003/2005 ou 2009 de ces domaines ne seront jamais bus mais serviront à alimenter des fonds spéculatifs ou autres caves d'amateurs fortunés...là aussi, autre débat (le vin est-il encore fait pour être bu ? posons la question à Mrs Chevallier, Pontallier et autres Delmas ).
Enfin, pour en avoir discuté récemment avec JP, j'ai trop peu de 1ers en cave pour faire la fine bouche; je ne serai jamais objectif avec ces vins et m'en explique : Haut-Brion, par exemple, j'ai grandi à côté et les quelques bouteilles que j'ai en cave, seront ouvertes à des moments que la vie choisira, avec des personnes qui feront de cet instant un moment unique, si bien que le plaisir sera présent automatiquement (évoquer les souvenirs d'enfance en voyant les vignes du château, évoquer ce que l'on était à l'âge du millésime, évoquer l'histoire et le rayonnement du vin dans la région...etc, bref, rien que du subjectif et surtout le fait de dire une fois la bouteille vide : j'ai bu un HB avec ceux que j'aime et ce fut un grand moment, même si le vin n'était pas aussi exceptionnel que ce que j'aurais voulu , alors si le vin se révèle grandiose, ce sera l'extase ).
Mais je le répète, si j'avais des caisses de 12 ou la possibilité de goûter régulièrement ce genre de fioles, il est fort probable que mon avis soit différent .
Franck.

[Christian Rausis]

Cela dépend aussi si l'on déguste à l'aveugle. Le plaisir en dégustant un vin n'est pas influencé par son prix ou son étiquette, à moins que l'on pense qu'il puisse s'agir d'un grand vin. Je me méfie toujours de mon cerveau qui peut manquer d'objectivité selon ce qu'il pense. Par contre, le déplaisir risque effectivement d'être exacerbé, si l'on on n'a pas apprécié un cru renommé, surtout à l'aveugle.
Comme je ne mets pas plus de 50€ pour une bt de ma cave, les risques d'être déçu sont moindres. Cependant j'ai 2 bt de Plume du Peintre 2003 pour lesquelles j'ai beaucoup d'attente. J'en attends beaucoup de plaisir et il est clair que si je ne les apprécie pas plus que les autres cuvées du domaine, je risque fort dêtre très, très décu !!!
A contrario, mon plaisir ressenti lors de dégustation à l'aveugle ou pas de vins non connus est amplifié après coup, si j'apprends que son prix est doux.

[Alcoolix]

Comme je ne mets pas plus de 50€ pour une bt de ma cave

Idem, j´ai décidé récemment de minimiser les risques en revenant sur des vins dont le prix est inférieur à + ou - 50 euros, à 2-3 exeptions près.

Nul doute toutefois que si je devenais riche, la tendance s´inverserait immédiatement.

[Frédéric B.]

Luc,
J'ai bien sûr trop peu goûté et Fargues (99) et Yquem (85,89) pour juger, mais je ne suis pas certain qu'il y ait un abîme de différence entre les deux.
Et il y a des liquoreux extraordinaires dans le monde entier pour qu'on ne fasse pas d'Yquem son absolu.

[Alcoolix]

Et il y a des liquoreux extraordinaires dans le monde entier pour qu'on ne fasse pas d'Yquem son absolu.

Surtout par chez moi, chauvin moi ?

[BEN]

Dans mon club (60 à 80 personnes à chaque soirée) je donne toujours les prix à la fin de la soirée comme cela le prix n'entre pas en ligne de compte et chacun se fait son idée sans être influencé.

Parfois je m'amuse à ne pas y aller crescendo dans les prix et j'ai des commentaires du genre : "le dernier doit être le plus cher ... qu'est-ce qu'il est bon !" alors qu'en fait c'est un vin plus simple mais d'un millésime antérieur.

Donc pour te répondre je suis bien embêté, Oui et Non car nous avons toujours du plaisir à gouter un vin (si la selection est correctement faite) mais il est vrai que lorsque l'on boit un vin que l'on sait tres reputé, on a une anxiété à le gouter qui peut apporter du plaisir ...

[Gabas]

Personnellement, plus le millésime est vieux et plus mon attente est grande (surtout sur les bons millésimes) car j'adore l'histoire et suis un grand nostalgique...une certaine forme d'audouzination probablement...
Après je suis comme Luc, 60 euros max pour une bouteille du WE et pour les évènement exceptionnels, ça dépend des finances du moment...
Quant aux grandes étiquettes, je suis plutôt adepte depuis quelque temps du contraire : "petites étiquettes et grands (et vieux) millésimes".

[Didier]

Parfois je m'amuse à ne pas y aller crescendo dans les prix et j'ai des commentaires du genre : "le dernier doit être le plus cher ... qu'est-ce qu'il est bon !" alors qu'en fait c'est un vin plus simple mais d'un millésime antérieur.

Donc pour te répondre je suis bien embêté, Oui et Non car nous avons toujours du plaisir à gouter un vin (si la selection est correctement faite) mais il est vrai que lorsque l'on boit un vin que l'on sait tres reputé, on a une anxiété à le gouter qui peut apporter du plaisir ...

Je pense finalement que pas mal d'amateurs (j'en suis d'ailleurs peut-être. )sont involontrairement influencés par le paramètre "prix" ; c'est cher donc il faut ou il faudrait que ce soit bon. Ceci rassure et permet de penser que le prix payé était justifié ; maintenant et très objectivement, il me semble que cette affirmation est bien souvent démentie...
L'affect fait son oeuvre que nous le voulions ou non!

[Christian Rausis]

On a bu à l'aveugle ce week-end un Gevrey-Chambertin premier cru Le Clos Saint-Jacques 2006 de Sylvie Esmonin. C'était certes bon, mais quand j'ai dévoilé la bt, je me suis dit que cela ne valait pas son prix et mon plaisir après coup a baissé d'un cran.
En fait madame et moi avons eu autant de plaisir, voire plus en dégustant à bouteille découverte un Pinot Noir Vieux Plants 2009 de Stéphane Defayes http://www.defayes.com/1nos_vins/pinotnoir.html pour un prix de 16,50 CHF avec 10% de rabais pour les portes ouvertes, soit 14,85 CHF (11,40€).
Faudrait que j'essaye de les boire les 2 à l'aveugle, pour voir si mon cerveau défaille !!!

[Vincent R.]

Christian,

je radote mais c'est de l'infanticide...
Idem pour ceux qui ouvrent des GCC de Bordeaux de 2004, 2005 ou plus jeune et n'y trouvent pas de grandeur
Pour boire des vins de soif à base de Pinot, il y a même moins cher que la Suisse

(Je sais pas pourquoi mais je sens que Christian va me voler dans les plumes... )