Le domaine de Tariquet à Eauze (32) est devenu, grâce à ses vins blancs, une institution. Retour sur une success story gasconne qui ne faiblit pas .
«Quand nous nous sommes installés à la ferme de nos parents avec mon frère Yves, en 72, nous voulions juste vendre notre production nous-mêmes », se souvient Maïté du domaine de Tariquet, à Eauze, dans le Gers. Aujourd'hui, ce domaine, dirigé par Armin et Rémy Grassa, les deux fils d'Yves (respectivement 33 et 32 ans), qui lui ont succédé il y a quatre ans, vend plus de 8 millions de bouteilles de blanc par an, sans compter le rosé, ni l'armagnac ! 130 salariés, 800 hectares de vignes en propriété et 150 en fermage, une cuverie de 150 000 hectolitres et 20 millions d'euros de chiffre d'affaires : la petite entreprise a prospéré au-delà de toute espérance.
Un tariquet sinon rien
Mais autant que la réussite économique, c'est la popularité de cette marque qui ne cesse d'étonner. Des comptoirs bordelais ou toulousains aux soirées entre amis à la maison. Des fêtes branchées parisiennes aux ferias du Sud-Ouest. Tariquet est devenu incontournable. Il est au vin blanc d'apéritif ce que Frigidaire est au réfrigérateur. Si vous n'en avez pas quand les copines débarquent boire un verre, leur regard réprobateur vous en dit long sur ce qu'elles pensent de votre bon goût en matière de savoir-vivre.
« Il n'y a pas eu de plan marketing particulier », s'étonne presque Rémy Grassa. « L'engouement en France est parti de Toulouse, puis a très vite gagné Bordeaux, les ferias, Paris, Lyon... Si on répondait à toutes les demandes, il n'y aurait plus de Premières Grives (le vin légèrement sucré à base de gros-manseng qui a fait un malheur à l'apéritif) dès sa sortie. »
La révélation par le froid
À la fin des années 70, Yves Grassa (qui mène aujourd'hui une aventure céréalière en Roumanie tout en gardant un oeil sur le vignoble gersois) mise sur le côté aromatique et frais de ses vins blancs issus de cépages locaux... contre l'avis de tous. Immédiatement il rencontre le succès auprès du public anglo-saxon. Fort de sa réussite, il introduit en Gascogne le sauvignon, le chardonnay et le chenin, n'hésitant pas à les marier entre eux.
Parallèlement, il se dote d'un outil de vinification incomparable. « Pour conserver les précurseurs aromatiques de nos raisins, nous avons amené les chais à la vigne », résume Armin. Sitôt vendangés, les raisins sont transportés dans des cuves closes réfrigérées pour être envoyés dans huit énormes pressoirs de 450 hectolitres. À la fin de la vinification, le vin est stocké dans d'immenses cuves entre 0 et 2 degrés, et l'embouteillage se fait au fur et à mesure de la demande pour lui conserver sa fraîcheur.
Loin de se reposer sur leurs lauriers, Armin et Rémy perpétuent l'esprit gascon d'aventuriers terriens qui caractérise la famille. Ils suivent les traces de leur père et continuent à innover. « L'an prochain, nous planterons une dizaine d'hectares de pinot noir. Sur nos sols et sous nos climats, cela devrait faire un superbe rosé », espèrent-ils.
http://www.sudouest.com