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ARGENTINE • Une conversion récente à la qualité

Messagepar Jean-Pierre NIEUDAN » Dim 15 Mars 2009 11:56

Grand producteur et grand consommateur, le pays mise aujourd'hui sur la qualité et l'exportation. Et parie sur le malbec, un cépage français qui n'avait jamais été mis en valeur.

L'Argentine est le cinquième producteur mondial de vin, mais est à la traîne en matière d'exportation. Pour rattraper les grands producteurs du Nouveau Monde comme le Chili ou l'Australie, il lui faudra déployer beaucoup d'énergie. Guillermo Barzi, président de l'entreprise viticole patagonienne Humberto Canale, décrit ainsi la situation : "Pour emprunter une métaphore au football, nous venons de quitter le vestiaire, et il nous faut à présent atteindre le terrain."
Pendant longtemps, l'Argentine s'est concentrée sur son marché intérieur ; elle n'est entrée dans la compétition internationale que depuis cinq ans. Ayant souffert pendant des années de régimes dictatoriaux, d'une inflation galopante et du manque d'investissements, la plupart des viticulteurs se sont consacrés à la production de millions de litres pour le marché national, qui représentait une consommation annuelle d'environ 90 litres par habitant. Mais, en 1990, changement de tactique : la consommation ne s'élevant plus qu'à 38 litres par personne, les producteurs cherchent désormais à élever des vins de qualité, en faible quantité et destinés à l'exportation.

La plupart de ces vins viennent de la province de Mendoza, la région viticole la plus importante d'Argentine, de celle de Salta, au nord, ou encore de celle du Río Negro, au sud. La région de Mendoza se situe tout à fait à l'ouest du pays, en altitude, dans une région désertique sur les contreforts des Andes, plus près de Santiago du Chili que de Buenos Aires. Avant même l'arrivée des conquistadors venus du Nord, la population indigène avait exploité les rivières alimentées par la fonte des neiges et, à l'aide de canaux, avait irrigué le désert pour en faire une terre cultivable. Il peut sembler assez improbable de faire pousser de la vigne au coeur d'un désert torride. Pourtant, Mendoza vit aujourd'hui au rythme du vin et produit annuellement plus de 10 millions d'hectolitres. En mars de chaque année, la ville organise un carnaval en l'honneur du vin, avec une parade tapageuse à travers les rues et un concours de beauté retransmis à la télévision.

José Zuccardi, personnage exubérant qui dirige l'exploitation de La Agrícola, est l'un des heureux viticulteurs qui a bien des raisons de faire la fête. Dans ses vignes de Santa Rosa, au sud-est de Mendoza, il se livre à des expériences avec différentes variétés de raisin.
Dans cet environnement désertique, où l'air est très sec, les risques de maladies sont moindres, et le recours à des pulvérisations de fongicides et autres pesticides diminués d'autant. Grâce au ciel chaud et clair, les grappes peuvent mûrir pendant la journée, tandis que la forte chute de température la nuit garantit une saveur intense et une bonne acidité : tout cela permet d'obtenir des vins intéressants.
Zuccardi ne cache pas son enthousiasme : "Nous sommes un pays de viticulteurs. Nous disposons de nombreuses variétés de raisin et d'une flexibilité plus grande qu'en Europe. Nous pouvons innover car nous ne sommes pas liés par le passé ou par d'ancestrales traditions vis-à-vis des consommateurs." Il a raison. Les conquistadors ont planté des vignes au XVIe siècle, mais l'industrie vinicole argentine moderne n'est véritablement née que lorsque des immigrants venus d'Espagne, d'Italie et de France sont arrivés à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Ils ont apporté des cépages de leurs pays d'origine : tempranillo et torrontes d'Espagne, barbera, bonarda et sangiovese d'Italie et cabernet sauvignon, viognier et malbec de France.
C'est cette dernière variété qui caractérise le vin argentin. Selon Jo Wadsack, de Wailrose, "l'Argentine va faire avec le malbec ce que la Nouvelle-Zélande a accompli avec le sauvignon blanc : les viticulteurs argentins prennent une variété un peu terne, qui est excessivement tannique en France quand elle est jeune et utilisée surtout pour des coupes, et ils vont lui donner un caractère propre".

Nicolas Catena, le viticulteur le plus reconnu de la région de Mendoza, est également de cet avis : "Pour les Français, et même pour les Californiens, le malbec n'a aucun intérêt. Pourtant, utilisé correctement, il est magnifique. Les meilleurs vins rouges argentins sont élaborés avec du malbec et un petit peu de cabernet sauvignon."
Le potentiel de Mendoza a, depuis cinq ans, provoqué l'intérêt et les investissements de nombreux étrangers. Des viticulteurs venus de France et d'ailleurs, comme Jacques Lurton et Moët & Chandon, ont acheté de vastes étendues de terres pour planter des vignes et ils rivalisent d'ingéniosité pour construire des exploitations incroyablement modernes et futuristes.

Nicki Symington
The Daily Telegraph
La vérité est dans la bouteille ..( Lao Tseu )
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Jean-Pierre NIEUDAN
 
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