- Touraine_Vieilli en fût de chêne_1994_2.jpg (15.98 Kio) Consulté 25818 fois
Touraine _ Vieilli en fût de chêne _ 1994Cette bouteille est le témoin d'un mémorable périple vinique qui s'est déroulé il y a plus de vingt ans ! Notre dessein était d'aller rendre visite au domaine OCTAVIE et nous étions arrivés à Oisly où nous avions rencontré la maman des nouveaux propriétaires de l'époque (toujours propriétaires de ce domaine aux dernières nouvelles) !
J'avais déjà eu l'occasion de m'entretenir avec cette dame antérieurement alors qu'elle était la propriétaire ; elle était, cette fois-là , accompagnée de sa fille Patricia (future propriétaire du domaine de la RENAUDIE) ... j'espère que vous me suivez ... bref, pour faire court, cette dame a deux filles : une a repris le domaine OCTAVIE et l'autre est aujourd'hui propriétaire du domaine de la RENAUDIE ! c'est mieux ?
Donc pour en revenir au périple que j'ai présenté dans mon introduction, la dame dont il est question nous a présenté les cuvées élaborées par sa fille (et son mari) et je me souviens d'une nouveauté de l'époque : une cuvée spéciale de Sauvignon assez bluffant qui aurait certainement entraîné des surprises si elle avait été glissée dans une dégustation à l'aveugle de Sancerre blancs ... je peux vous le garantir ! La discussion se faisant, elle nous avait appris que sa fille (Patricia) travaillait dans le domaine de son mari près de Saint-Aignan et qu'ils proposaient un rouge vieilli en fût de chêne ! Nous n'avions pas pu résister à la tentation et tout de go, nous nous étions dirigés vers Mareuil-sur-Cher pour tester la dite cuvée ...
Arrivés sur place, nous avions été reçus par madame Denis (Patricia) et nous lui avions tout de suite clamé notre désir de goûter le vin "vieilli en fût de chêne" ! Une ombre de surprise et d'inquiétude était alors passée sur son visage et elle nous avait dit qu'elle pouvait tout nous proposer, sauf ce pour quoi nous étions venus, car il fallait carafer le breuvage au moins une heure avant la dégustation ! Il en fallait d'autres pour nous désarmer et nous lui avions fait connaître notre détermination d'en acheter même sans avoir goûté ! Une seconde ombre d'inquiétude était alors passée sur le regard de notre hôtesse : "nous ne nous sommes pas encore décidés sur le prix" nous avait-elle lancé, bien ennuyée ... en fin de compte, nous étions partis avec chacun un carton de six bouteilles ... et de nombreuses recommandations de dégustation !
Nous étions alors dans la force de l'âge ... peu de choses nous semblaient insurmontables et dès le lendemain, la bouteille était sur la table près de la carafe et le tire-bouchon en main ! Nous avions suivi les recommandations à la lettre et, après une heure d'aération, il avait bien fallu porter ce Touraine à notre bouche ... Je me souviens encore de la tête de mon cousin (c'était lui mon accompagnateur, affectueux salut à lui,  s'il lit ce compte-rendu) qui m'avait dit après la première gorgée : "Dans un premier temps, j'ai eu l'impression qu'on me passait une rape sur la langue puis ensuite c'était comme si on m'avait collé la langue au palais" ... je n'étais peut-être pas aussi négatif que lui, mais il faut reconnaître que c'était du "HARD" : les trois barriques étaient neuves ! Nous avons goûté à plusieurs reprises les années suivantes : l'effet boisé s'estompait à peine et le vin n'apportait pas un véritable plaisir ... si bien qu'il m'en restait une bouteille que j'avais plus ou moins oubliée dans un coin de ma cave (moi je l'avais oubliée mais pas l'ordi !).
Il y a peu de temps je vous ai rapporté ma visite au stand du domaine lors d'un marché champêtre et dimanche dernier, je revoyais mon cousin qui m'avait accompagné en Touraine : c'était le moment, c'était l'instant !
Le bouchon, qui est sorti entier, est imbibé sur deux ou trois dixièmes.
La robe est assez foncée et nous verrons par la suite qu'il n'y a quasiment pas de dépôt, juste un aspect trouble en fin de bouteille !
Le nez s'appuie de prime abord sur les fruits noirs, principalement le cassis,  puis se décline sur des nuances de cherry (remarque habituelle pour le cépage Côt, utilisé pour cette cuvée spéciale) ; quelques petites traces d'épice apportent ce qui est nécessaire de complexité !
En bouche, l'attaque est suffisamment structurée, une profondeur tout à fait correcte s'installe au fur et à mesure et un retour élégant sur le noyau de cerise sert de conclusion ! Attention toutefois, le vin évolue rapidement et en fin de bouteille, nous sentons qu'il est en fin de course !
Mon cousin m'a rappelé que lors de notre première dégustation, nous nous étions mis d'accord pour affirmer que de toute façon, il fallait du temps pour que cette bouteille trouve son équilibre ! Plus de vingt ans, c'est sûrement trop et je pense qu'il y a quatre ou cinq ans, elle devait être au top ! En fait, c'est une bonne bouteille ! Je ne suis pas certain que tous les "Chinon" du même millésime se comportent aussi bien aujourd'hui ! Actuellement, le domaine ne produit plus cette cuvée ... sans doute trop d'incertitude et peut-être un prix de revient en inadéquation avec l'appellation ! Je regrette toutefois ne pas avoir mis quelques unes de ces bouteilles du millésime 96 en cave ... je pense que le domaine n'avait pas changé de barriques, donc le bois s'était adouci et 96 est un grand millésime en Touraine ! S'il y a un détenteur, qu'il se fasse connaître ... et qu'il m'invite !
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