semaine dernière, petite virée en Bourgogne. Le domaine Jacques-Frédéric Mugnier fut une des étapes des plus douloureuses vous l'imaginez sans peine!
On a toujours le trac lorsque l'on visite seul un tel domaine pour la première fois. Je pense aux Lettres à Sophie Volland de Diderot, à cette stimung de la fébrilité craintive. Et pourtant, encore une fois, l'on se rend compte que la timidité est partagée. Frédéric Mugnier est un homme discret, sur la réserve, ne semblant pas campé sur des certitudes, mais bien préocupé par ses questionements. Nous passons finalement plus de temps à discuter de la vigne, de la terre, du rapport que l'on a avec, que du vin en tant que sphère circonscrite. Nous descendons tout de même au fond du trou ! Une immense salle construite pour acceuillir les presque dix hectares du clos de la maréchale ! quel volume pour un seul homme ! Je connais un gentil pharmaco qui irait bien l'assister régulièrement dans sa tache.
Frédéric Mugnier est peu bavard, frappé d'un rhume des foins. Dans un certain silence expressif, il me sert les différentes bouteilles ouvertes. Evidemment on hésite toujours entre l'examen sous couvert d'alergie, ou une certaine forme d'introspection intense. Bref je dis les choses comme elles mes semblent : L'ensemble des vins est marqué par une écriture nette sur longeur, mais le fruit est en retrait, peu expressif. S'il on est attentif on sent que les vins sont dans un moment d'austérité ! Une tonalité affective qui pose son empreinte en ce jour sur le Château de Chambolle...
Nous commençons par le Chambolle 2007 : sensualité en attaque, douceur, une fermeté en finale. Peu causant
Chambolle Fuées 2007 : Attaque éclatante, fougue en bouche, féminité mouvante mais affirmée, avec encore une fois le fruit en retrait. Beaucoup de poivre en finale. Un superbe caractère, mais un peu insaisissable.
Bonnes Mares 2007 : Austère sur l'attaque, puis la présence, de plus en plus forte en bouche, finale en socle minéral, un vin large, trés large. Un vin qui m'a parlé malgré l'optimum du retrait aromatique. Une assise pour dans 15 ans.
Clos de la Maréchale 2006: le vin est résolument dans l'austérité, malgré un dessin qui donne envie en bouche, sur cette splendide vigueur juvénile.
Clos de la Maréchale 2004 : Une sorte de comble, c'est le vin qui se goûte le mieux alors qu'il est issu d'un petit millésime et juste après la reprise des vignes dans un état moribond. Pour être honnète, le volume du vin n'est pas le même que le 2006, de loin. 2006 ,dans un jour plus éclairé devrait nous rappeler à l'ordre !
Finalement mes impressions vont dans le sens de Frédéric Mugnier, et je suis heureux de ne pas l'avoir vexé
Mais la présence des bouches, malgré la réserve, dénotte une grande aménité élégante, des vins d'une expression tout à la fois sensuelle et aristocrtique, une sorte de Callas.
Le lendemain, chez mon Maitre, nous ouvrirons une bouteille du domaine d'entre 1910 et 1920. Le vin possède un fruit formidable, la bouche est gourmande, volutpueuse. Malheureusement un champignon de cave s'est developpé sur le bouchon qui pose comme un larsène sur le splendide vieillard que nous buvons en toute simplicité ! Un reste de verre le lendemain nous montre clairement que nous aurions du le carafer 6-7 heures à l'avance mais comment savoir?
Décidément ces vieillards sont ingèrables