J'ai reçu il y a quelques jours un message de Laurent Gibet, du club In Vino Veritas à Toulouse (
http://www.invinoveritastoulouse.fr/) qui relatait une dégustation horizontale du millésime 1998. nous avions eu de par le passé l'occasion de confronter des différences
énormes de ressenti sur ce Pavie Macquin 1998.
Sachant que cette bouteille est d'une des bouteilles signature du travail de Stéphane Derenoncourt et le vin préféré de Daniel Seriot avec qui nous dégustions beaucoup alors, la lecture du message de Laurent (recent champion de France 2010 RVF faut il le rappeler...) ne pouvait manquer d'interpeler, surtout par les insinuations sur le fait que certains pouvaient aimer
parano que je suis, j'ai du me sentir visé
Saint-Emilion Grand Cru Classé : château Pavie-Macquin 1998
L’après-midi : DS(13) - PR13 - PS14. Note moyenne AM : 13,3 Le fruit compoté, la robe sombre préfigure une vendange mûre. La bouche est ronde caressante, la finale est belle avec une sensation sucrée. Nous sommes en présence d’un vin « moderne ». La matière est gâchée par une maturité à la limite de la cuisson. Vin exubérant mais lassant. Noté 14 Le soir : DS(14,5?) - LG(15) - MS14 - MF14. Note moyenne SOIR : 14,4?
Nez fortement boisé, monobloc, impliquant principalement de la cerise, du cassis, de la réglisse. Un dégustateur le comparera à celui d'un Priorat (grenache/carignan, au fruit crémeux presque cuit, dominé par un élevage très appuyé, flirtant avec le bourbon).
Bouche démonstrative, rentre-dedans, très sollicitée (extraite), jeune certes mais ne procurant qu'un plaisir très limité (on notera sa présentation bien rébarbative à l’ouverture). On y constate heureusement une appréciable préservation de la fraîcheur.
Jugement réservé, donc, comme il y a quelques années à Vannes, et évolution à suivre pour ce style moderne, qui me paraît vraiment tenter le passage en force, mais qui a ses amateurs.
Alors, j'ai laissé passer quelques jours et je me suis dit: "est-ce que je ne me suis pas laissé embarquer à l'insu de mon plein gré
et ai surnoté ce vin pendant des années?
ce week-end:
Pavie Macquin 1998A l'ouverture.
la robe est d'une jeunesse insolente, tout comme le bouchon absolument parfait et dénué de toute odeur
Le premier nez à l'ouverture est clairement bordelais, avec un boisé marqué. A l'agitation, la crème de cassis envahit nos narines, de fines notes épicées, de la framboise et de la truffe.
En bouche, du volume, beaucoup d'intensité et un fruit bien mur mais nullement cuit ni compoté. l'ensemble est frais, fondu, puissant, avec une truffe exubérante sur des notes finale de framboise. En dehors de cette puissance, ce qui marque à la dégustation, ce sont dès le milieu de bouche ces notes calcaire qui envahissent nos papilles, apportant complexité et fraicheur. Grande longueur sur le fruit et le caillou.
9h plus tard, le bois a quasiment disparu, laissant juste les arômes fruités puissants se disputer avec la truffe pour nous ravir et cette puissance désormais plus enrobé dans un ensemble longiligne mais massif, un beau 2ème ligne néozélandais... Toujours ce calcaire en signature.
A 24 et 36h, ce vin est une merveille, complexe, aromatique, dénué de toute note boisée et de toute facilité compotée. un grand vin qui signe à merveille son terroir.
En gros, en opposition totale avec la description du vin vu chez IVV.
Laurent, si tu me lis, si à 6h d'ouverture le bois te semblait à la limite du bouchon, peut être étais tu du mauvais coté de la limite
je sais combien l'équipe toulousaine est rétive au merlot bien mûr et combien vous préférez les expressions du cabernet à celle du merlot, les millésimes frais aux millésimes solaires mais ce vin, il faudra bien qu'on le boive un jour ensemble pour caler nos ressentis et nos différences.
en clair, je vous laisse volontiers les Château pedesclaux 1997 et autre Belair 87 et me contenterai de boire Pavie Macquin 98 et Tertre Roteboeuf 90