En attendant que JP mette quelques photos en ligne, voici un bref "ressenti" (car avec JP Boyer, les visites ne sont jamais comme ailleurs !) de notre passage à BAMA samedi 13 novembre.
Mise en route du sud des Landes en fin de matinée, mise en bouche vers 13h du côté d'Avensan et arrivée au domaine vers 14h30.
Personne à l'horizon, mais rendez-vous était pris pour 15h. Je téléphone, Mr Boyer décroche et d'une voix fatiguée : " ah, c'est vous Mr V.., mais vous avez 25 minutes d'avance ! bon, laissez-moi quelques minutes..". Ca raccroche aussi sec ! je viens de le réveiller en plein repos.
JP fait quelques photos en attendant, et...déclenche l'alarme du château...des fois que Mr Boyer se soit rendormi
L'employé qui passait par là , arrive vite (ils se sont fait cambriolés voici quelques mois) et nous lui expliquons notre présence ainsi que notre bévue.
Tout rentre dans l'ordre.
Le vieux lion sort de sa cage, au loin. Il s'avance vers nous. Un premier échange, au cours duquel il nous confirme, avec sa faconde habituelle, que son réveil fut aussi brutal que bruyant.
Le soleil inonde le vignoble et les vieux bâtiments du domaine, les couleurs sont magnifiques...bizarre, c'est le premier jour de soleil depuis plus d'une semaine.
Je suis content de retrouver cet homme.
Et c'est parti...mais pas dans le sens que j'aurais souhaité.
En effet, sur les 2h45 passées en sa compagnie, à peine 10 minutes seront consacrées à son vin !
Pas grave ! il faut savoir écouter. Alors de De Gaulle à Sarko, en écumant tous les dysfonctionnements de notre société actuelle, on l'écoute, même si j'eusse préféré qu'il nous parlât de son histoire à lui plutôt que celle de notre pays
.
Les rares tentatives pour l'amener sur ce qui nous intéressait ce jour, furent presque toutes infructueuses !
Mais bon, çà et là , on aura compris beaucoup d'autres choses, car avec lui, il y a toujours un double discours : marginal il est, marginal il restera. Jamais il ne prononce le nom de son illustre voisin...il emploie simplement le mot "Voisin"...considérant peut-être qu'après lui, son vignoble perdra un peu (beaucoup) de son âme. Il égraine quelques visites qui lui ont fait "chaud au coeur" comme celles de passionnés ou d'amateurs qui le confortent dans sa vision "ultime" du monde du vin. Il nous parlera donc peu de son vignoble, mais à chaque coin de phrase, on peut palper sa sensibilité, sa malice, sa complexité et son goût du paradoxe, bref, son vin !
Finalement, l'encépagement, les vinifications, les millésimes et tout le reste, on s'en contrebalance avec lui.
Ici, on est ailleurs. C'est différent, et ceux qui n'aiment ou ne comprennent pas, il s'en fout (et nous aussi d'ailleurs !).
On va quand même faire un tour dans le chai où rien n'a changé depuis ma dernière visite...j'aurai pu venir 50 ans plus tôt et dire la même chose.
"Mr V..., quand est née votre première fille ?" me demande-t-il...en 2006, je lui dis. Alors venez. Il va au robinet de la cuve béton où séjourne encore son 2006. Il nous sert deux verres. On se regarde avec JP et on sourit. Comment un vin peut-il être aussi bon dans ces conditions ?
Un gorgeon de 2010 plus tard, qui m'a évoqué le fruit du 2005 de Pontet-Canet lors de notre visite, et direction la salle des ventes.
Deux chèques plus tard, on reprend la route avec JP.
Pendant trois heures, on aura mis les soucis de côté et on aura non seulement encavé quelques quilles mais surtout de grands souvenirs.
Franck.