par DamienH » Mar 29 Jan 2013 22:11
GÉRARD BOULAY-SANCERRE - Clos de Beaujeu - 2010
Que de plaisir, que de plaisir!
Un vin qui, il y a 6 mois, partait un peu sur des notes de pipi de chat... vous avez, ces notes entre réduction et oxydation (et/ou déviance hygiénique), mais qui signent aussi certains très grands du coin.
Aujourd'hui, une grande quille, au accents de guerrière. faut dire qu'elle à accompagné un impossible repas : filet de lieu noir juste poêlé, accompagné d'asperge vertes et de sauce coucougna. La sauce coucougna, pour les autistes qui l'ignoreraient, est une création de ma grand-mère (qui peu avoir un autre nom -usurpé- ailleurs) faite d'oeuf dur écrasé à la fourchette, d'ail frais, d'huile d'olive, de jus de citron, de poivre et de sel. Pire ennemi du vin est difficile à imaginer. Mais avec des asperges et un poisson bien cuit, c'est à se damner.
Là , le vin se palce tout de suite en dominateur. Moi qui pensait avoir sacrifié une belle bouteille par faiblesse et gourmandise, je suis saisi.
Le nez déjà , révèle le pedigree du liquide : citron frais et zeste, beurre clarifié (sains ces notes noisette des dépôts grillés), du souci (la fleur, pas le pb) et un poil de sable qui pose une minéralité surprenante, mais belle et apaisante. D'autres auraient dit miel, mais pas de sucrosité au nez.
La bouche est une reconstitution du nez, étagée avec une précision magnifique, ou la tension qui domine l'ensemble n'emporte jamais le tout vers l'acide. Le citron et l'agrume reste la trame centrale du vin, qui déroule ses arômes comme un coureur saute des haies sur un 400m, effortless. Longueur splendide, qui se fraie un chemin dans cet accord injouable avec joie et finesse : le plat disparaît et le vin s'évapore, ce qui est un signe d'union réussie.
La fin du repas est sur un joli chèvre, un Valençay bien affiné et crémeux... enfin un copain pour Boulay, qui se détend et ne joue plus sur sa phénoménale amertume. Oui, un beau sancerre doit, pour moi, savoir partir sur l'élégance de l'amer en sus de sa signature attendue sur la tension. Et la finale sur un gras, généreux, le léger beurré qui revient libérer la papille et lui dire, "vas-y copine, cause au cerveau pour qu'il dise à la main de porter encore, la coupe aux lèvres".
D'ailleurs, j'y retourne. Cheers.
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DamienH le Mar 29 Jan 2013 22:29, édité 2 fois au total.
Le vin est de l'eau emplie de soleil.
Galilée